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Chronique et Track by track – “Are You There?” de Fontanarosa

C’est l’une des belles confirmations françaises de ce printemps : après un premier EP il y a deux ans et quelques concerts en solo, Paul Verwaerde alias Fontanarosa, Anglais basé à Lyon, sort sur l’excellent label francilien Howlin’ Banana Records un premier album d’indie rock un peu lo-fi mais particulièrement abouti. Enregistré en 2021 avec un groupe (Florian Adrien, Grégoire Cagnat, Kevin Lafort) fraîchement formé, chanté dans sa langue natale, “Are You There?” séduit par la variété d’ambiances et la richesse musicale qu’il parvient à créer en 35 minutes dans un cadre guitare-basse-batterie assez restreint. Tout cela valait bien un double traitement : chronique, puis petit track by track par Paul.


Le son est connu d’avance, les voix semblent détachées de tout, les guitares sont aussi sèches que des échardes, les lignes de basse forment un agrégat aux contours nets et les rythmes robotiques ont tout du projet conceptuel. Le post-punk est devenu une figure de style, une pierre de Rosette que de nombreux groupes ont tenté de reproduire dans un geste qui désoriente autant l’auditeur qu’il lui donne envie de se trémousser sur place. Aujourd’hui, c’est au tour du quatuor franco-anglais Fontanarosa d’entrer dans la danse avec son premier disque, “Are You There?”.

En neuf titres, Paul Verwaerde, Florian Adrien, Grégoire Cagnat et Kevin Lafort tentent de rejoindre Manchester en passant par Reading, Liverpool et Oxford. Que ce soit avec les lignes claires de guitare lancées à toute berzingue sur “Way In Out”, sur le solo de basse plutôt singulier de “Anytime” ou encore grâce aux distorsions cagneuses de “All By Myself”, l’Albion est à l’honneur. Il faudra attendre les arpèges pastoraux de “Final Distance Ghost” pour reprendre son souffle au fond du jardin avant de repartir dans ces divers instants pleins de tension.

L’écoute prolongée de “Are You There?” permet de mesurer le chemin parcouru depuis le premier EP de Fontanarosa. A l’époque, le disque avait été enregistré à la maison avec un ordinateur, une guitare électrique et un simple micro. Les chansons étaient déjà là, il ne leur manquait plus qu’une production généreuse. Et s’il fallait ne garder qu’un titre ? Pourquoi pas “Off Motion”, qui nous rappelle un peu la période récente de Wire tout en jouant l’intégralité de ce que l’on a envie d’entendre sur un morceau de post-punk : une voie détachée, des guitares aussi sèches que des échardes, des lignes de basses formant un agrégat aux contours nets et des rythmes robotiques.


Way In Out

“Way In Out” ouvre l’album avec une amorce introspective : « Are you there ? bring me back to my wanderings ».
Tout l’album déroule un dialogue entre qui je suis et mes fantômes du passé qui émergent dans les moments de solitude. Et par conséquent aux moments où j’écris.
L’album est une tentative de réconciliation entre mon passé et mon présent.

OH ID

Bon maintenant que j’ai parlé du concept de l’album sur le premier morceau je peut peut-être parler musique ? Ah ah.
Comme la plupart des chansons, “OH ID” a été écrite sur une guitare folk. Celle-ci avec des power chords à la Kinks du type “You Really Got Me”.
Ensuite, quand j’ai commencé à maquetter la chanson sur ordi, ça sonnait pas très intéressant… jusqu’à ce que je trouve une idée de guitare aiguë en palm mute ! Après, on a fait tourner cette idée en groupe et on a trouvé un gimmick qui définissait la couleur du morceau.
En tous cas, pour ce qui est du thème, on reste dans le sujet. « We are foreigners ! ».
Mention spéciale à Flo, le batteur, pour ce pattern rythmique robotico-groovy tout le long du morceau.

Anytime

C’est une chanson pour faire tomber la neige du ciel. Elle aborde la tourmente du passé. J’ai d’abord trouvé la mélodie du refrain avec les petites notes de guitare et puis j’ai calé ma voix dessus.
Mention spéciale à Greg, le bassiste, pour le solo basse du pont final.

Hold On

“Hold on” parle de la perte de confiance en soi, de ses repères, et comment ces sentiments peuvent occuper beaucoup (trop ?) de place. La tension du morceau est exprimée par la note percussive à la guitare.

Days Go By

C’est l’espoir de retrouvailles avec son adolescent intérieur. Pour le coup, sur celle-ci j’ai bien l’impression d’être au lycée, ah ah ! La chanson reste un peu mélancolico-nostalgique quand même, surtout sur la sortie instrumentale.
Mention spéciale à Kevin, qui joue aussi de la guitare dans le groupe, pour les accords mélodiques qui font tenir le refrain debout (pas si évident en vrai).

All by Myself

Je repensais à un moment où je me suis retrouvé seul après un énième déménagement et changement de lycée. On a bien envie de casser des cymbales sur ce morceau et d’avoir un son encore plus fat que fat… avec le sourire, bien sûr !

Final Distant Ghost

Le seul monologue de l’album. Enfin, du moins, j’ai le sentiment que ce n’est pas moi qui ai écrit ce morceau, mais plutôt que c’est mon passé qui a pris toute la place et m’a gentiment viré… En groupe, on joue beaucoup sur les ambiances afin de laisser la place à la voix et au texte.

Off Motion

C’est une chanson nocturne. Le genre de ruminement psychique que l’on peut avoir dans son lit avant de s’endormir. Ou alors la première pensée lorsqu’on se lève le matin et qu’on se dit : « Mais c’est encore pareil ? »
Musicalement c’est motorik brit-pop, je dirais ?

Backgrounds

C’est une fresque de plus de six minutes qui clôt l’album, on n’est plus du tout dans un schéma chanson mais dans un déroulement en plusieurs parties. Comme une pièce de théâtre. C’est le point final où, pour le coup, j’aborde au premier degré des séparations qui m’ont été difficiles.

Avec Vincent Arquillière.

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