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Disques

Duster – Together

Le label Numero Group réédite depuis une dizaine d’années tout un pan de l’indie rock des années 90. Un effort inestimable qui permet de retrouver dans un format classieux la discographie de certains groupes comme les obscurs Duster. Une bonne nouvelle ne venant jamais seule, le trio a sorti en 2022 un quatrième album aux sonorités distordues et atmosphériques que l’on se devait de rattraper aujourd’hui.

Le slowcore, sous-genre du rock indépendant allant de Codeine à Low en passant par Idaho, Bedhead ou Duster – qui nous intéresse ici –, inventé au milieu des années 90 pour tenter de donner un sens aux son tristes et ralentis d’outre-Atlantique, conserve-t-il au delà de ce que l’on peut imaginer ? On serait tenté de répondre par l’affirmative après avoir écouté ce “Together“ dont les compositions lentes échappent à toute urgence actuelle. 1997, 2000, 2022, la théorie de la relativité semble s’appliquer aux rythmiques rachitiques et aux guitares distordues de cette musique stratosphérique. Les yeux perdus dans l’espace, Clay Parton, Canaan Dove et Jason Albertini (qui a également formé Helvetia) enregistrent chaque note avec l’intensité du moment présent.

“Together“ s’ouvre avec un “New Direction“ engourdi comme jamais. Les arpèges répétitifs tissent une ligne mélodique pour guitares fatiguées, une basse prognathe finit par nous envelopper de ses fréquences vaporeuses, les paroles proches de l’idioglossie sont débitées d’une voix mi-chuchotée mi-comateuse, et quand une batterie ferme ne tient pas le morceau, c’est une boîte à rythmes rachitique qui s’en occupe. Les éléments de style sont connus et Duster les manie à la perfection. Et pourtant, loin d’être déprimante, cette musique donne avant tout l’impression d’avoir été écrite par des gens qui préfèrent rester allongés dans l’herbe pour regarder les nuages bouger.

Certains morceaux comme “Escalator“ tiennent sur pas grand-chose, un synthétiseur qui module étrangement sur une forme de saturation douce, une guitare acoustique coincée au fond du mix. Les sonorités sont résolument lo-fi, dans la lignée des précédents albums de Duster. On n’est pas surpris d’apprendre qu’elles ont été enregistrées dans le studio Low Earth Orbit que le groupe utilise depuis ses débuts pour garder un ton à la fois simple et hypnotique.

Le disque se termine par un “Sad Boys“ loin d’être aussi triste que son titre. Chaque accord de guitare vaporeux permet au groupe d’exprimer une étrange sérénité, celle où l’on abandonne cet état second cotonneux après une longue phase de sommeil pour prendre l’air et admirer le ciel. Quand le terme slowcore a été inventé dans les années 90, on pensait qu’il s’agissait simplement de musique dépressive pour jeunes adultes épuisés. Avec les paysages éthérés de Duster, il s’agit surtout de mélodies pour personnes confortablement installées dans leurs rêves.

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