Loading...
Disques

Orval Carlos Sibelius – Super Forma

Nous avions aimé plus que de raison le maxi touffu et frivole « Recovery Tapes », grand n’importe quoi folk prog addictif, qu’on nous présentait comme un brouillon avant le Grand Œuvre à venir : « Super Forma ».

Nous voilà, à vrai dire, presque un peu déçus à la première écoute, notamment du tube annoncé « Good Remake ». Trop pop, trop parfait. Roulement de tambours déchaînés préparant des montagnes russes de chœurs, des guitares shoegaze, une mélodie irrésistible, des détails qui comptent (citons,entre mille, le petit break de guitare folk). Trop cathédrale de la pop, un peu trop chef d’œuvre des Compagnons du devoir indé quoi.

Idem pour « Desintegraçaó », titre pop  qui sent bon son Beatles d’aujourd’hui avec mélodie imparable, enluminures psychédéliques bienvenues et tarabiscotées à la Kevin Ayers. Des trois titres les plus accessibles, on préfère finalement le surf solaire d’ »Asteroïds » pour sa cavalcade de guitares, même si les études griffonnées magnifiques de « Recovery Tapes », dont l’hymne « I don’t want a baby », en tête, nous touchaient définitivement davantage.

Pour ma part, c’est finalement dans le format pop chiadé qu’Orval Carlos Sibelius me lasse, là où un esprit moins tordu que le mien y verrait (et doit y voir) beauté(s) mélodique(s) et formelle(s). Je retrouve là tout ce qu’il  y avait pour me séduire et m’enthousiasmer dans le premier long, « Orval Carlos Sibelius », et qui pourtant me laissa froid… C’est ça d’être bégueule… J’en profite pour faire mon coming out : les Beach Boys, malgré tout, et même malgré Hefner, ne m’ont jamais transporté (svp, ne pas écrire au journal qui transmettra).

En revanche, « Superforma » me rend dingue sur les formats longs, les digressions prog qui plongent les doigts collants de miel dans les ruches world ou néo-world  qui peuvent rappeler des constructions à la Mahjongg. La triplette , « Spinning Round », « Superdata », « Archipel Celesta » nous emmènent à ce titre très loin et les Beatles en comparaison paraissent de doux rêveurs, un peu tâcherons et bien terre à terre.

Avec la fusée à étages « Archipel Celesta », Orval Carlos Sibelius peut décemment prétendre (et l’emporter haut la main) au titre de Flaming Lips français et donne facilement un goût métallique aux nuages roses qu’on traverse le temps du titre.

« Huong »  est une pure rêverie de tricotages psyché entre Kevin Ayers et bourdon d’origine certifiée médiévale qui nous rappelle le premier album de Centenaire.

« Cafuron  » navigue dans les mêmes eaux que Mice Parade, ce folk qui regarde vers toutes les terres étrangères, les tempérées comme les tropicales et son goût des claviers un peu cinglés, répétitifs et alambiqués.

On trouve le même fond de sauce à l’arachide dans « Burundi (Hidden Track) « , chaudron épicé de 15mn dans lequel on plonge sans retenue. Sur ce titre plus lâche, Orval Carlos Sibelius nous fait explorer son Afrique enchantée, revisitée, essentielle, trafiquée de sons qui viennent hanter et perturber la collection de percussions et le riff aigrelet qui parcourent le titre. On s’attend presque à entendre « number 9 » se répéter à l’infini.

Je m’en veux presque de n’être pas plus enthousiaste que cela pour ce très bon disque qui a déjà atteint un nombre assez considérable d’écoutes à la maison pour prétendre à la short list des albums de l’année. Bref, ne lisez plus les chroniques des vieux grincheux et écoutez vous-mêmes « Superforma », on en reparlera.

One comment
Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *