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Yeah Yeah Yeahs – Show Your Bones

YEAH YEAH YEAHS – Show Your Bones
(Fiction / Polydor) [site] – acheter ce disque

YEAH YEAH YEAHS - Show Your BonesIl y a trois ans, ce trio new-yorkais déboulait de nulle part la fièvre chevillée au corps, imposant sans peine son punk rock poseur. Le public médusé découvrait alors l’excentricité incendiaire de Karen O et de ses deux acolytes. Soudain propulsés dans la hype, les YYY semblaient vouloir en découdre ou faire l’amour avec tout le monde. Je me souviens alors m’être jeté dans le bain sans aucune réticence, absorbé par le refrain aguicheur de "Black Tongue". Toute une époque, sauvage et euphorique, que ce deuxième opus enterre radicalement sans pour autant céder sur le fond. Les Yeah Yeah Yeahs seraient-ils devenus adultes ? Oui, à n’en pas douter. Si elle est toujours capable de monter dans les aigus en une fraction de seconde, Karen O pose sa voix et chante mieux que jamais. Le groupe s’est enfermé pour peaufiner des mélodies accrocheuses, mieux structurées et élargir la palette de son répertoire. La production, enfin, a décrassé le son "garage" des débuts en injectant une bonne dose de pop vitaminée dans les rouages.
Avec ses airs de jeune fille rangée, "Show Your Bones" affiche donc de nouvelles ambitions déjà en gestation sur la fin de "Fever to Tell" (tempos ralentis, dérives contrôlées…). Et c’est peut-être là que réside véritablement le tour de force des New-Yorkais. Dans cette intelligence à ne pas se laisser enfermer, dans cette volonté de substituer l’urgence et l’instinct à la maturation des idées. Peut-être, aussi, dans une plus grande propension à la sincérité. Les compositions ont incontestablement gagné en épaisseur et le groupe enchaîne les morceaux de bravoure avec l’énergie et l’efficacité qui fait toute la sève des White Stripes. "Gold Lion", "Way Out", "Fancy", "Phenomena" et "HoneyBear" sont taillées dans du diamant brut à coup de riffs percutants. Après cela, on pourrait craindre l’épuisement des forces. Que nenni, les YYY gèrent remarquablement le chrono (pour reprendre la métaphore sportive). A partir de "Cheated Hearts", l’album marque un tournant : le trio lève le pied, les explosions d’électricité sont contingentées, la guitare acoustique prend l’ascendant pour parler à cœur ouvert ("The Sweets", "Warrior"). La superbe ballade acoustique finale "Turn into" clôt l’album sur des braises encore chaudes et une détermination intacte. Stratégie payante sur toute la ligne. Ce disque est sans conteste une réussite, bien plus long en bouche que son prédécesseur. En anglais, le cri de victoire se dit désormais Yeah Yeah Yeahs !

Luc Taramini

Gold Lion
Way Out
Fancy
Phenomena
Honeybear
Cheated Hearts
Dudley
Mysteries
The Sweets
Warrior
Turn Into

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