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Disques

Xavier Plumas – Le cabinet vaudou des curiosités d’Adèle

Xavier Plumas - Le cabinet vaudou des curiosités d'Adèle

Bientôt vingt ans que Xavier Plumas écrit des chansons singulières avec sa meute de loups qui change au gré des circonstances (Tue-Loup, Fulbert, De Vasconcelos…). Comme Holden récemment et comme tant d’autres artistes jadis signés mais aujourd’hui trop marginaux pour des labels sans moyens, il s’en remet désormais au crowdfunding pour donner une chance à ses chansons d’être entendues. « Le cabinet vaudou des curiosités d’Adèle », son deuxième album solo, est né de la manne de contributeurs tous impatients d’avoir des nouvelles d’un artiste encore bouillonnant. Et, outre un bien joli titre, il renferme un bel objet sonore.

Après un neuvième album de Tue-Loup sans éclats paru en 2012, c’est dire si l’on est ravi de retrouver un Plumas inspiré. Pourtant il s’agit toujours de cette poésie rugueuse et sensuelle qui scrute les âmes, les gestes et les interstices, creusant inlassablement le même sillon pour en faire surgir des pépites. Plumas est un cadreur doué qui écrit des chansons comme d’autres prennent une photo ou font un plan de film donnant toujours à voir quelque chose d’intéressant là où il n’y a parfois pas grand chose. C’est la force des contemplatifs…

Délaissant les ciels sombres et les arrangements un peu austères qui faisaient l’élégance de son premier album solo (« La gueule du cougouar » dont une partie des chansons avaient été écrites pour Bashung), ce nouveau disque fait entrer la lumière et le grand air. Place aux mélodies amples et aux arrangements chatoyants (orgue, cuivres, cordes, percussions, chœurs moelleux) qui élargissent la palette de couleurs d’un artiste monochrome. Au centre de ses chansons, il y a toujours ce timbre de fumeur qui vous souffle des mots chauds au creux de l’oreille, ces guitares « youngiennes » qui font l’orage et le beau temps et surtout cette tranquille aisance mélodique qui donne des chansons tendues ( « Incendie », « Activité », « Crazy Painter ») ou délicates (« De rien n’était », « L’aube », « 10 000 vies » ). Artisan habile, maître du clair-obscur, il sait caser ici ou là de subtiles cassures harmoniques pour donner plus de relief à son disque. Avec « Cannaregio », il ose même un interlude musical digne d’un ensemble de musique ancienne. Preuve que ce garçon raffiné a toujours aimé les voies déroutantes. 

Le clip d »incendie », chanson extraite du nouvel album…

 

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