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Disques

GEESE – Projector

Plus de deux mois après la sortie de leur premier album, il était temps de se pencher sur le cas de Geese, formation new-yorkaise précédée d’une solide réputation. Car ces cinq musiciens à peine entrés dans l’âge adulte (moins d’un siècle à eux cinq) ont failli coiffer tout le monde sur le poteau lors des fameux classements de fin d’année. Foutraque mais d’une liberté folle, bordélique mais touchant, “Projector” est un album tout de traviole. Et pourtant, c’est carré comme un Kiri.

Le rock, c’est souvent la même histoire. Une bande de potes, même pas en âge légal de boire de l’alcool dans leur pays, un peu désabusés par la fac, le monde, l’amour, la vie, la planète (rayer la ou les mentions inutiles) qui, pour tuer le temps et se défouler, se retrouvent dans un garage pour s’acharner sur une guitare, un micro, des fûts. Et parfois ça marche. Après avoir trimé depuis 2017, et alors que le groupe était sur le point de retourner à ses chères études, Geese se fait remarquer et signe chez Partisan, label indé américain qui compte dans ses rangs des pointures comme Idles ou Fontaines D.C.

Produit et mixé par le « nouveau roi du rock » Dan Carey (Fontaines D.C., Squid, Black Midi…), “Projector” sonne bien. Et même très bien. Difficile de croire qu’il a été enregistré à l’arrache dans un garage, mais bon, quand la légende est plus belle que la réalité, on imprime la légende.

L’avantage avec cette génération qui n’était pas née à la sortie du premier album des Strokes (aïe…), c’est qu’elle a pu tout découvrir quasiment d’un bloc. Du coup, “Projector” rassemble des références aussi diverses que Television, Bloc Party, Franz Ferdinand, Interpol, Car Seat Headrest, TV on the Radio ou encore Parquet Courts. C’est d’ailleurs à eux que nous pensons à l’écoute des premiers titres : guitares bancales, claviers hantés et voix habitée… et très affirmée ! Car Cameron Winter se sert de ses cordes vocales comme d’un instrument, avec des variations impressionnantes, qui rappellent parfois Paul Banks (Interpol) ou Yoni Wolf (Why?).

Jeunes et pourtant armés d’une solide culture rock, tout en ayant un son bien à eux – celui du désenchantement –, Geese n’est pas sans nous rappeler notre frenchy Feldup qui nous avait lui aussi scotché il y a un an. “Projector” est un cocktail vivifiant assez chargé en vitamines, mélangeant rock, prog rock, post-punk, post-rock, avec une bonne pincée de psychédélisme. Ça part un peu dans tous les sens, parfois au sein même d’une chanson (“Disco”, “Opportunity Is Knocking”, “Projector”), mais qu’est-ce que cela fait du bien ! C’est sûr, ces teenagers n’ont pas appris à ranger leurs CD (leurs quoi ?) ni leur chambre en bordel. Mais un beau bordel.

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