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13 essentiels : David Freel/Swell

Une playlist en hommage à David Freel, qui vient de nous quitter.

Des sons du quotidien (une radio au loin, un escalier qui grince, les bruits de la rue ou une simple conversation de studio), suivis d’une succession complexe et hypnotique d’accords de guitare joués au médiator. Une basse fluide et grave arrive progressivement, en appuyant simplement les accords. Puis, l’explosion de la batterie ! Souvent, des doubles croches sont jouées sur le charley, donnant un caractère épileptique au morceau jusqu’alors traînant. Un orgue plane parfois, expirant une émotion sincère. Enfin, une voix rugueuse et profonde, celle de David Freel, nous parle d’un quotidien sombre souvent confronté à l’histoire, au passé de son auteur, où la lumière point progressivement. Cette description correspond sans doute à plus de la moitié des chansons du groupe. Pourtant, pas d’ennui ou de lassitude dans cette structure familière. Au contraire, c’est un cadre qui a permis à son auteur d’équilibrer sa vie et à tous ses auditeurs de ressentir et de partager un spleen large comme un coucher de soleil sur L.A..

David Freel vient de mourir à l’âge de 64 ans. Avec son groupe Swell, il a produit neuf albums studio et deux compilations d’inédits et raretés. Le line-up du groupe est à géométrie variable, la formation la plus connue étant le trio composé du bassiste Monte Vallier, du batteur Sean Kirkpatrick et de Freel à la guitare et au chant. Ce dernier a initié lors de la dernière décennie un projet DIY, Be My Weapon, qui a puisé dans sa pratique intime de la musique, comme un retour aux débuts autoproduits de Swell.

La personnalité du groupese met rapidement en place et s’affirme sur les trois premiers opus (“Come Tomorrow”, “At Long Last”, “Forget About Jesus”). Un son à la fois clair et résolument lo-fi et une posture aux antipodes du music business leur apportent une réelle reconnaissance auprès du public indie. Cette belle dynamique est interrompue par un différend avec leur label (American Recordings) qui bloque les bandes de “Too Many Days Without Thinking”. Cet album qui sortira finalement plus de deux ans après son enregistrement conserve les marqueurs de Swell, mais bénéficie d’une production qui met à la fois en valeur la profondeur musicale du groupe et en lumière la beauté de ses compositions (“What I Always Wanted” et le cathartique “Sunshine, Everyday”). Les compilations exhumant les faces B et inédits enregistrés à cette époque témoignent de la richesse de cette période pour eux (“Two Dimes in the Sun”, “Fuc Yew”). Cet élan ne va pas se prolonger et amorce au contraire des dissensions entre les membres qui poussent David Freel a enregistré pratiquement seul les trois albums suivants. Ceux-ci, malgré leur grande part de noirceur et un recours beaucoup plus important à des boîtes à rythmes et des synthés, conservent néanmoins un côté fascinant dans ce qu’ils ont permis à Freel de faire évoluer son mode de composition (“Today”, “Feed”, “This Story”). Avec l’enchaînement des deux derniers albums studio de Swell, un retour à la dimension acoustique et lo-fi se fait sentir et offre à l’auditeur de magnifiques compositions (“In the Morning”, “Saved by Summer”). Quelques années plus tard, le nouveau projet de David Freel – Be My Weapon – échoue à percer le rideau de la confidentialité, malgré l’identité musicale de son auteur qui reste toujours aussi fascinante (“The Last Song”).

Terminons par les paroles de “Saved by Summer”, que l’on imagine autobiographiques, qui expriment toute la beauté simple et lumineuse de l’œuvre de Freel :

I was bored – without one thing i would fight for

I was ten – before i ever saw the old man

I was received – in the summer of love

And in love – i always win

I was named – for some stupid hippie bullshit

I forget – so it never makes me too mad

My mom would pray – for my half-assed education

But i was saved – by the summer…”

#nuage de groupes : Sparklehorse, Mazzy Star, Mark Eitzel/American Music Club, Red House Painters, Idaho, Sebadoh…

  • Come Tomorrow (“Swell”, 1990)
  • At Long Last (“…well?”, 1991)
  • Forget About Jesus (“41”, 1994)
  • What I Always Wanted (“Too Many Days Without Thinking”, 1997)
  • Sunshine, Everyday (“Too Many Days Without Thinking”, 1997)
  • Today (“For All the Beautiful People”, 1998)
  • Feed (“Feed”, 2000)
  • This Story (“Everybody Wants to Know”, 2001)
  • In the Morning (“Whenever You’re Ready”, 2003)
  • Saved by Summer (“South of the Rain and Snow”, 2007)
  • Two Dimes in the Sun (“The Lost Album”, 2008)
  • Fuc Yew (“The Lost Album”, 2008)
  • The Last Song (“Be My Weapon”, 2009)
One comment
  1. Beatrice

    Swell fait partie de mes groupes préférés et j’ai eu l’occasion d’assister aux balances et à un after avec eux il y a quelques années.
    David Freel a toujours été tourmenté et ces démons ont certainement participé à ses compositions si habitées.
    Il rejoint maintenant d’autres grands artistes.
    Bye bye David

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