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Le BBmix 2022 présenté par Sing Sing (Arlt)

Le duo français Arlt se produira le deuxième soir du BBmix, le dimanche 27 novembre. Après les programmateurs Marie-Pierre Bonniol et Jean-Sébastien Nicolet, nous avons demandé à Sing Sing, moitié de Arlt (l’autre étant Eloïse Decazes), dont nous apprécions la plume et que nous avons rencontré à plusieurs reprises pour POPnews, d’écrire quelques lignes sur ce festival qui ne ressemble à aucun autre.

« On a vu quelques concerts frappants au BBmix. C’est un festival important pour nous, Arlt, en tant que spectateurs. On a été marqués et peut-être même influencés si tant est que ça veuille dire quelque chose par des artistes qu’on y a vus et entendus (Momus, Dogbowl, The Drones, Ghedalia Tazartès, Charles Hayward, j’en passe…) et c’est vraiment une joie pour nous d’être invités à y jouer nos chansons. C’est un festival qu’on aime beaucoup parce qu’il défend une esthétique dont nous nous sentons proches, entre pop tordue et terrains d’aventures, et qui nous touche aussi parce qu’il sait partager sa programmation entre hommages aux pionniers et découvertes tout en ne cédant ni au jeunisme ni à la nostalgie.

Nous sommes heureux d’y partager la scène cette année avec des artistes que nous aimons beaucoup.

Fred Frith qui est un modèle pour notre génération et qui a de quoi le rester pour des générations plus jeunes tant sa vision généreuse, pas du tout constipée, érudite et joueuse de la musique demeure un rempart à tout esprit de sérieux, de chapelle, de sclérose et une source d’inspiration pour qui refuse de choisir entre écriture et improvisation, entre musique savante et musique populaire, entre décapages des traditions et exploration de formes inouïes. Il rentre dans l’œuvre de Frith une impensable variété de musiques aimées (folklore plus ou moins imaginaire, rock’n’roll, baroque ou free jazz) mais toutes dénudées (ce qui est une volupté), entrelacées (ce qui est une volupté), repensées (ce qui est une volupté).

Caroline dont j’ai raté le concert aux Instants Chavirés mais dont j’ai écouté le disque et regardé quelques vidéos live sur YouTube. J’aime beaucoup l’air très frais qu’ils font passer dans leur musique comme s’ils en avaient pété les carreaux au lance-pierre. C’est un groupe qui fabrique des durées assez convulsives et passionnantes à habiter et qui crée des espaces que la musique éclaire et modifie. Il y a chez Caroline une gravité étrange, une drôle de joie austère, inquiète mais salubre (comme le vent).

Enfin, ÈLG et La Chimie. ÈLG est un très grand artiste.  Depuis presque 20 ans que je le connais, il a bifurqué mille fois et j’ai tout aimé de lui, ses folks songs paranoïaques et panoramiques, ses sucreries empoisonnées, ses électronicités torves, ses sketchs commotionnés (avec notre ami feu Damien Schultz), ses émissions de radio azimutées. Je l’ai aimé en solo, en groupe (avec Orgue Agnès, Reines d’Angleterre, Opéra Mort). Son dernier disque qu’il m’a décrit lui-même comme « un gigantesque pétage de plomb entre Michael Douglas dans “Chute libre” et Roger Rabbit » est une tuerie qui me glace et m’excite et m’agite. Je l’ai toujours vu comme un mélange vraiment curieux de Jim O’Rourke cancre et d’Andy Kaufman (version actualisée à l’heure de Tim & Eric ou d’Eric André). J’ai l’impression qu’il cherche  dans sa musique même des enjeux empruntés à  une certaine forme de « spectacle vivant » comme on dit un peu sottement, un spectacle  vivant et fou furieux (je pense à Miet Warlop, à La compagnie du Zerep ou à Marlène Monteiro Freitas). Ce sont des enjeux qui nous intéressent aussi beaucoup, Eloïse et moi, avec d’autres outils mais tout de même.  Depuis presque 20 ans que je le connais, c’est la première fois qu’on va partager le même plateau. Merci BBmix. »

Photo : Marie Losier.

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