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Disques

Gwendoline – C’est à moi ça

Après un premier album remarqué – “Après c’est gobelet“, neuf titres, un synthétiseur, une guitare réverbérée comme jamais et l’histoire d’une jeunesse aussi désabusée qu’un lendemain de soirée avinée –, Gwendoline revient le couteau entre les dents avec “C’est à moi ça“.

Sorti en 2020, le premier disque de Pierre Barrett et Mickaël Olivette était principalement centré sur une poignée de galères personnelles éprouvées par le duo aux cours de longues années passées en grande partie au bar le Terminus à Rennes. Pour leur seconde salve, les textes mettent en scène cette fois-ci une belle brochette de personnages, dans un mélange oscillant entre l’autodérision punk et l’angoisse existentielle.

“Rock 2000“, c’est l’envie de faire la fête quand on est coincé sous la pluie dans une ville presque déserte. “Héros national“, c’est des heures perdues à zapper sur les chaines de la TNT. Les protagonistes de “Conspire“ et “Le Sang de papa“ semblent tous plus hystériques les uns que les autres et donnent l’impression de scroller sans fin sur X (anciennement Twitter). Le résultat est corrosif, un portrait désenchanté de la France des années 2020, avec un synthétiseur agressif et une boîte à rythme épileptique comme fond sonore.

Le disque vient de sortir chez Born Bad Records, et le binôme qui avait plus ou moins lancé Gwendoline comme une blague accède enfin à ce qui pourrait ressembler à un petit succès (leur concert du 11 juin à la Maroquinerie est déjà complet). Un paradoxe pour un disque qui nous parle de conspirationnistes, de tournée des bars sous la pluie, de vacances en camping et de gens riches nés pour écraser le reste de l’humanité.

Indéniablement plus viscéral que le précédent, “C’est à moi ça“ flirte même avec le Bruit Noir de Pascal Bouaziz, tout en proposant des sonorités plus pop. Les claviers sont loin d’être assagis par leurs influences 80’s, une boite à rythme à la froideur étrangement contemporaine accompagne une guitare qui nous jette à la figure des lignes mélodiques pluvieuses. Une esthétique new wave qui n’est parfois pas si éloignée de Taxi Girl (certains parlent même d’Indochine mais ils charrient un peu).

Sur scène, le duo devient un quatuor, et on imagine déjà les chœurs désabusés de “Parce que j’ai rêvé d’être riche“ repris à l’unisson par un public conquis. Une note presque élégiaque qui vient conclure “C’est à moi ça“ avant que l’on se heurte à un mur de contraintes, contrit par le cadavre fumant du consumérisme décérébré. Un point d’orgue qui résume parfaitement le triste sort réservé à notre jeunesse.

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