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Route du Rock 2013

Après le sérieux coup de mou de 2012, la Route du rock a redressé la barre : avec plus de 20 000 billets vendus contre 13 000 l’année dernière, les organisateurs ont prouvé qu’une programmation exigeante et audacieuse pouvait aussi être rassembleuse. Si l’on ajoute à cela une météo relativement clémente, on peut affirmer que cette édition 2013, où l’on relevait quelques tendances fortes (psyché-bruitiste, rétro/garage, électro dansante, galette saucisse), restera comme l’une des meilleures de l’histoire du festival malouin. Compte rendu.

 

Jeudi 15 août

Alors que des vagues de groupes psychédéliques s’abattent actuellement sur les côtes européennes, il est normal que la première de la Route du rock 2013 s’échoue sur la plage de Bon Secours. C’est donc Orval Carlos Sibelius qui se présente, à l’heure du goûter et sous un soleil de plomb, devant des spectateurs en maillot de bain, mais très attentifs à la musique du quintette français. Je prends place au milieu de la foule et tout en profitant de la douceur de l’endroit, je me laisse emporter par les titres psychédéliques d’OCS, baignés de synthétiseurs et de cuivres, mais qui gardent un pied dans le genre pop, ce qui n’est pas fait pour me déplaire. Le fantôme de Syd Barrett n’est pas loin, et ils nous accompagnera jusqu’au Fort de Saint-Père. (J.D.)

En entrant sur le site, on découvre d’emblée la grande nouveauté de cette édition : une véritable seconde scène (dite des Remparts), après quelques timides tentatives ces dernières années, qui tenaient plus de l’espace pour showcases. En ce début de soirée, c’est Jacco Gardner qui l’occupe avec son groupe. Souriant derrière ses lunettes noires, le jeune Néerlandais semble vouloir nous téléporter en 1967 (soit bien avant sa naissance), entre pop baroque et psychédélisme pas trop cramé. Un brin passéiste, mais les chansons sont là.

 Jacco Gardner

Sur la grande scène, ce sont les quatre Danois post-adolescents de IceAge qui ouvrent les hostilités. L’air revêche, ils expédient sans grande motivation leurs morceaux sombres et agressifs, au son extrêmement brouillon. Assez pénible.

Pendant ce temps-là, le public est arrivé et l’on s’aperçoit vite que l’accessibilité de la scène des Remparts – située dans un angle, et qu’on rejoint en ressortant du site principal – est loin d’être idéale. On aura ainsi bien du mal à se rapprocher de Moon Duo (en… trio, avec un batteur remplaçant la boîte à rythmes), side-project du leader des Wooden Shjips, Eric Johnson, avec sa compagne Sanae Yamada. La formule est simple mais efficace : sur une pulsation hypnotique, la guitare fuzz du premier (également au chant) et l’orgue de la seconde tracent des arabesques mélodiques sacrément addictives. Joli trip.

 Moon Duo

Retour sur la grande scène avec les Local Natives, qui avaient joué à la Route du rock hiver il y a quelques années. Et, après le festival Beauregard en juillet, une confirmation : même s’il y a de belles chansons sur leur deuxième album, leur caractère plus intimiste se prête moins bien à une transposition scénique. Heureusement, le groupe joue encore de nombreux morceaux de son premier disque (mais pas le superbe “Shape Shifter”, inexplicablement), où le mariage entre la nervosité des guitares et la sophistication des harmonies vocales est de plus en plus accompli. En témoigne leur excellente reprise du “Warning Sign” des Talking Heads.

 Local Natives 2

Local Natives 1

 

Suit ce qui sera unanimement considéré comme LE concert de cette première journée, voire de l’édition 2013 (et auquel est sans doute imputable en grande partie la hausse de la fréquentation) : celui de Nick Cave and the Bad Seeds. A voir la foule de techniciens qui s’activent lors du changement de plateau – il paraît même qu’ils ont installé leur propre console dans la tour de sonorisation –, on sentait bien que rien n’allait être laissé au hasard. De fait, avec une setlist presque similaire (une moitié du nouvel album et des classiques allant des années 80 au début des années 2000), et le même costume (mais une chemise différente), la prestation de l’Australien sera largement du niveau de celle offerte à Beauregard en juillet, peut-être même supérieure, la nuit aidant. Dès le deuxième morceau, “Jubilee Street”, la machine s’emballe, pour atteindre sa pleine puissance sur le tiercé eighties “From Her to Eternity”/“Tupelo”/“Deanna”, où Nick n’hésite pas à aller au contact pour le plus grand plaisir des premiers rangs. La suite alterne avec maestria accès de rage (terrible “Stagger Lee”) et accalmies (“Love Letters” au piano, l’une de ses plus belles ballades et pourtant pas la plus connue) en nous laissant avec un seul regret, que ce ne soit pas un peu plus long. Mais pendant 70 minutes, l’auteur/acteur de “The Mercy Seat” s’est donné à fond.

Nick Cave 

Contrairement à Nick Cave, les New-Yorkais de !!! étaient déjà venus à la Route du rock, où ils avaient livré en 2005 un concert mémorable. Huit ans plus tard, le groupe apparaît comme l’un des rares survivants, avec The Rapture, de la vague punk-funk new-yorkaise du début des années 2000 (quelqu’un a des nouvelles de Radio 4 ?), et n’a pas trop perdu de son mordant. Le chanteur Nic Offer porte toujours un mini-short, voire un caleçon (avec en imprimé la pochette de “Some Girls” des Stones ; comme pour la chemise de Nick Cave, je veux l’adresse de la boutique), exécute de curieuses chorégraphies et déambule sur scène, allant même jusqu’à fendre la foule. Entre les morceaux du nouvel album, on reconnaît quelques bonnes vieilleries façon Happy Mondays meet Liquid Liquid (ah, “Me and Giuliani Down by the Schoolyard” et son « tulutututu »…), qui font toujours remuer. Plaisant.

La fatigue commence à se faire sentir mais on se traîne quand même jusqu’à la scène des Remparts où se produisent les trop méconnus Strasbourgeois d’Electric Electric. Strates bruitistes, rythmes complexes, ambiances sombres : si leur musique n’est pas forcément évidente au premier abord, la précision instrumentale et l’énergie rock du trio emportent vite l’adhésion.

Fuck Buttons sur la grande scène semble une suite logique, même si le duo de Bristol ne joue qu’avec des machines. Face à face, et donc de profil par rapport au public, Andrew Hung et Benjamin John Power semblent se livrer pendant une heure (ininterrompue) un ping-pong sonique qui nous laisse sonné et exsangue. (V.A.)

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