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Disques

Damon & Naomi – With Ghost

DAMON & NAOMI – With Ghost
(Subpop)

DAMON & NAOMI - With GhostDifficile de parler de Damon et Naomi sans évoquer leur passé commun au sein de Galaxie 500. Ce couple discret en était effectivement la section rythmique, et constituait la fondation même du groupe : il suffit de voir la -certes estimable- mais plus commune carrière de Dean Wareham, chanteur de Galaxie 500 puis de Luna pour mesurer a posteriori tout l’apport de Damon Krukowski (batterie) et Naomi Yang (basse), soit : l’invention (ou la redécouverte) d’une rythmique lente et cotonneuse, entre le Ocean du Velvet underground et les baguettes magiques de Robert Wyatt. Ce quatrième album lance, comme les trois précédents, un pont aérien entre folk mélancolique et pop évanescente. With ghost : non seulement le titre de l’album, mais le témoignage de leur rencontre et de leur amitié avec le groupe japonais Ghost, bande de hippies frappadingues dont je ne connais qu’un album (Lamarabirabi, sur le label Drag City). L’apport de ces invités nippons semble tout d’abord léger : enluminures de claviers atmosphériques, mellotron, orgue ou piano. Tout au plus entend on quelques guitares acides (I dreamed of the Caucasus) et de curieux choeurs monastiques (the new world, morceau d’ailleurs apporté par Ghost). Pourtant, cela suffit à susciter une délicate étrangeté qui éloigne ce disque des précédentes productions du duo. Cette contribution aussi précieuse que subtile de Ghost met en valeur la musique de leurs hôtes : les voix de Damon (étonnamment proche de celle d’Alan Sparhawk de Low) et de Naomi se complètent à merveille (the mirror phase). La beauté organique des arrangements est impressionnante : à partir d’une texture acoustique (piano, guitares) reposant sur la fameuse rythmique made in Galaxie 500, les claviers et guitares de Ghost forment une nappe orchestrale parfois dense mais toujours en suspension. Cette musique de somnambule, harmonieuse mais jamais ennuyeuse, n’est pas sans évoquer quelques nobles figures : le Velvet apaisé du troisième album, le folk orchestral de Phil Ochs ou encore les musiques hors normes de l’Incredible String Band ou de Pearls Before Swine. D’ailleurs, Damon et Naomi revendiquent dans ce disque une filiation musicale qui passe à la fois par Big Star (la reprise de Blue Moon) et Nico (la reprise de Eulogy to Lenny Bruce, écrite par Tim Hardin -d’une beauté évidente). A l’abri de toute pression ou obligation, ce groupe précieux aura non seulement réussi à délivrer son meilleur album à ce jour, mais également un disque sans âge ni date de péremption qui résistera à l’érosion. C’est juré : on y regardera à deux fois avant de charrier les bassistes et les batteurs.

Laurent

The mirror phase
The new world
Judah and the maccabees
blue moon
the great wall
I dreamed of the Caucasus
Don’t forget
Tanka
Eulogy to lenny bruce

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