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Disques

Jonathan Coe – 9th & 13

JONATHAN COE, LOUIS PHILIPPE & DANNY MANNERS – 9th & 13
(Tricatel / Wagram)

JONATHAN COE, LOUIS PHILIPPE & DANNY MANNERS - 9th & 13Depuis les premières aventures de Oui-Oui et du Club des Cinq, je sais que je préfère lire en silence. Depuis mes premiers disques du Velvet, je sais aussi que je préfère écouter ma musique les yeux dans le vague… Pour éviter les interférences. Et là, on me demande de lire un disque. Ou d’écouter un livre. Enfin, je ne sais pas trop ce qu’on me demande, mais c’est perturbant. Je me doutais bien que, si Jonathan Coe dénonçait avec humour, élégance et férocité les dérives politiques, économiques et morales des années Thatcher (dans "Testament à l’anglaise"), il pourrait avoir envie d’en dénoncer les dérives musicales. Son univers à lui, en musique – comme le montrent les nombreuses allusions dans ses romans et nouvelles aux pianistes de bar (paumés), aux mélodies de jazz (récurrentes) et à Louis Philippe (le musicien) -, son univers musical, c’est une certaine pop un peu jazzy et doucement sucrée. Une pop version El Records. Du coup, il est logique que "9th & 13th", collaboration d’un écrivain avec des musiciens, sorte chez Tricatel : après tout, Burgalat se réclame ouvertement de l’héritage El Records, un héritage fait d’éclectisme, d’intransigeance, de sélectivité et de beaucoup d’élégance…

Il va donc falloir remercier Tricatel. A l’avenir, on prêtera une oreille encore plus attentive à la musique, quand on lira le prochain roman de Jonathan Coe. Parce que cet album, somme toute, c’est un best of Coe : il nous rappelle que c’est un des plus grands écrivains britanniques, que son univers littéraire est racé, onirique et irréel… on y découvre avec plaisir la nouvelle désillusionnée et paumée, "9th & 13th", on s’y remémore quelques passages de ses derniers romans… Bref, l’album donne très envie de se replonger dans "Testament à l’anglaise" ou "La maison du sommeil", qu’on relira de préférence en anglais, juste pour le plaisir de se rappeler l’accent et le ton de l’auteur quand il lit à voix haute… Mais il y a un léger problème : la musique. Vous me direz que c’est particulièrement gênant, sur un disque. Certes. Parce que si le but de Tricatel était de nous donner envie de (re)découvrir Louis Philippe, c’est raté : une fois de plus, il y a trop de chantilly, trop de sucre, l’ensemble mériterait une sévère cure d’amaigrissement… Seules les évocations musicales discrètes qui appuient les textes, les phrases mélodiques genre BO, tiennent la route. Le reste est décidément indigeste.

Les romans de Jonathan Coe sont publiés chez Gallimard (folio).

Stéphane

Theme from The Rotters’ Club
Destination Moon
Une courte promenade à bicyclette
Tower Hill
Fires Rise and Die
Three Views of Cicely
9th and 13th
Alone With Shirley
Benjamin in Paradise
Somniloquy

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