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Disques

Luna – Romantica

LUNA – Romantica
(Beggars Banquet / Labels)

LUNA - RomanticaCet archétype de groupe new-yorkais idéal (ni culte comme Sonic Youth, ni inculte comme les Strokes) n’a jamais vraiment sorti un disque en phase avec sa réputation ou ses éblouissantes prestations scéniques – "Bewitched", son meilleur album, date quand même de l’année de la reformation du Velvet Underground, cette bonne blague. Malgré son titre nunuche et sa pochette à l’avenant, "Romantica" commence plutôt bien : "Lovedust", première plage, jette aux yeux de l’auditeur sa poussière d’étoiles de pop pétillante et crémeuse à la fois. La suite est du même tonneau car Dean Wareham a réussi à débarrasser son groupe des partis-pris esthétiques discutables (voix trafiquée, guitares pesantes, atmosphère plombée) qui parvenaient à gâcher finalement la qualité toujours constante de son écriture. Il n’y avait d’ailleurs pas grand-chose à changer pour que Luna escalade hardiment la face sud de l’aiguille pop au lieu de rester bêtement scotché au camp de base de la face nord – mais ces changements sont frappés du sceau rare de la lucidité : une production plus nuancée et subtile (l’incontournable Dave Fridmann et surtout Gene Holder, responsable du son du merveilleux "Fakebook" de Yo La Tengo, pour situer le pedigree du bonhomme), une nouvelle bassiste, Britta Philips, dont l’enthousiasme communicatif explose à chaque titre (la ligne de basse de "Weird and woozy", les admirables harmonies vocales de "Mermaid eyes") et globalement un éclectisme et une diversité de tons qui rendent Romantica bien plus addictif et attachant que ses prédécesseurs. Les mots de Dean Wareham sonnent toujours juste ("Well I’m tired of having no future/and tired of pushing my luck/and I’m tired of waiting for the endgame/watching the stars turn black") mais leur amertume passe mieux avec un accompagnement musical plus délié. A l’inverse du satellite auquel il a emprunté son nom, Luna tourne moins en rond et a adopté une trajectoire en ellipse dans laquelle il se rapproche de son apogée. Puisse-t-il s’y maintenir.

JC

Lovedust
Weird and woozy
Black postcards
Black champagne
Swedish fish
Renée is crying
Mermaid eyes
1995
Rememories
Dizzy
Orange peel
Romantica

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