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Disques

Jessica Bailiff – Jessica Bailiff

JESSICA BAILIFF – Jessica Bailiff
(Kranky / Chronowax)

JESSICA BAILIFF - Jessica BailiffLe label Kranky nous a habitués à des sorties surprenantes et le troisième album de Jessica Bailiff, singulier et étonnant, ne déroge pas à la règle. Cette jeune fille (à rapprocher de Low, son album précédent étant produit par Alan Sparhawk) décrit ce nouvel opus comme traitant "de la peur de la scène, des rêves, de la perte de l´énergie créatrice / du désir, de l´amour et du temps, de vivre toute sa vie au même endroit, des fantômes et des expériences proches de la mort…" Un vaste terrain d´exploration donc, pour un album qui est pourtant d´une homogénéité parfaite, en conséquence de quoi, le travail de Jessica Bailiff ressemble autant à un film qu´à un disque. L´album évolue progressivement sur un schéma presque narratif et possède un pouvoir onirique extraordinaire.

Comment donner une description fidèle de cet objet sonore non identifié ? La tâche est ardue. Première possibilité : mobiliser une foule de références. En vrac : les voix religieuses de Low, les atmosphères trafiquées de Bowery Electric, les guitares sèches version isn´t it anything de My Bloody Valentine (voire Nirvana Unplugged…), les ambiances envoûtantes de Mazzy Star, le côté fille qu´on aime mais qui fait peur de Catpower et pour finir Piano Magic pour l´ascétisme et la singularité des compositions.

Cette option ne menant pas à grand chose, le plus simple reste peut être encore la transcription technique de l´album : sur plusieurs des titres (pour moi les plus beaux) la voix de Jessica, répandue en vocalises tendues, joue en harmonie avec une deuxième piste de voix ou un instrument. Un troisième intervenant (violon, piano…) vient assurer les arrangements et l´ensemble est posé sur un fond sonore un peu bidouillé (bruits de fonds recyclés, effets…). Ainsi, dans le fabuleux "Time is an Echo", la voix et la basse jouent à l´unisson alors qu´un piano inquiétant enlumine ponctuellement la mélodie de notes éparses, douces et lugubres à la fois. Le résultat se situe quelque part entre chant religieux, BO pour un film policier ou musique pour un documentaire sur le paranormal.

Jessica Bailiff parvient à aller extrêmement loin dans l´obscure, l´effrayant, le solennel, sans pour autant sombrer dans le lourd, le dépressif, le nauséeux. Elle ramène au contraire de ses explorations nécrologiques des purs instants de grâce, de beauté glacée et sculpturale et on voudrait presque la remercier d´avoir fait le voyage pour nous dans cet univers qui fait froid dans le dos.

S’il était encore temps de remplir sa playlist 2002, je crois que je tiendrais là mon n°1…

Thierry

Swallowed
Hour of the traces
Hiding place
Big hill
You were so close
Disappear
Mary
Time is an echo
Thief

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