EMILIE SIMON – Emilie Simon
(Barclay / Universal)
La voilà donc, la "révélation française électro pop" de l’année. A 24 ans, notre jeune chanteuse vient d’être bombardée "fille de Björk et de Kate Bush" par les Inrocks. Pas moins. Il faut dire que la demoiselle a écrit les textes, composé la musique et produit entièrement son premier album, ce qui n’est pas à la portée de la première Jenifer venue.
En fait, Emilie est tombée dans le chaudron musical quand elle était petite. Papa ingénieur du son, les jazzmen défilent dans le studio familial et la petite s’endort sur la console avec des sons plein la tête. Viennent ensuite les études de musicologie dans les laboratoires de l’Ircam. Cette fois, la belle est prête pour l’aventure du premier album.
Ecoutons, donc. Ca commence par une voix délicate qui parle d’amour et de désert ("Désert"). Une voix de petite fille, sussurée, douce et patiente… à mille lieues des excentricités vocales de Kate Bush et des déraillements givrés de Björk ! Sur la longueur d’un album, ce petit filet (qui rappelle parfois une Vanessa Paradis gnan-gnante) montre ses limites mais les mélodies joliment ourlées rattrapent ça très vite. Retenons nos préférées : le superbe "Vu d’ici", volé à Autour de Lucie, "To the dancers in the rain", jolie berceuse au rythme cotoneux, ou encore l’élégant et cafardeux "Graines d’étoiles", partagé avec Perry Blake. C’est qu’elle a du goût, Emilie ! Et du cran: "Secret" ose quelques expériences de morphing vocal (l’Ircam, sans doute…), offrant au morceau une sonorité sexy synthétique déjà entendue chez Garbage ou Sneaker Pimps. "Flowers" ose sourires et déhanchements avec ses accents mexicains, jolis rayons de soleil après la bruine écossaise de Perry Blake. Mais la palme revient à la reprise d’"I wanna be your dog", tour de force de l’album. Mine de rien, ce petit brin de fille arrive à dompter l’hymne sauvage des Stooges avec une fausse candeur déconcertante. La ligne mélodique, qui s’entortille pour mieux paralyser sa proie, nous rappelle que, décidément, la ruse féminine vaut bien la puissance masculine. L’album se clôt par "Chanson de toile", beau texte murmuré avec une douce convition. La métaphore de l’araignée nous renvoie aux coccinelles qui tapissent le dos de la belle endormie sur la pochette. Pas de doute, cette fille est un insecte ! Redoutable et méticuleux, il prend tout son temps pour tisser ses mélodies et emprisonner l’auditeur. Et si c’était elle, la bête à bon dieu ?
Désert
Lise
Secret
Il pleut
I wanna be your dog
To the dancers in the rain
Dernier lit
Graines d’étoiles
Flowers
Vu d’ici
Blue light
Chanson de toile