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Disques

Granfaloon Bus – Lucky curtains

GRANFALOON BUS – Lucky Curtains
(Glitterhouse / PIAS)

GRANFALOON BUS -Lucky curtainsOù comment un disque qui au départ était parti pour une notule expédiée en quelques lignes (sur le thème "mouais, pas mal, mais à la longue c’est neuf fois le même morceau") se retrouve finalement avec sa chronique longue distance. Pourtant à la première écoute (voire aux cinq premières écoutes), le chroniqueur a autant de points d’ancrage sur cet album que l’escaladeur sur une falaise lisse : le tempo est systématiquement le même (et donc oscillant entre le lent et le léthargique), les arrangements calibrés selon le même canevas (2/3 pedal-steel, 1/3 violon et réciproquement) et la voix, superbe au demeurant, de Felix Constanza traîne langoureusement sur les diphtongues décroissantes des chansons – avec d’ailleurs un tel naturel que les Granfaloon Bus, pourtant californiens, parviennent à sonner comme des musiciens du Kentucky qui se retrouvent le soir après la mine. Comme une veine aurifère qu’il faut racler pour en extraire toute la moelle, "Lucky curtains" prend toute sa valeur par une écoute vigilante qui finit par rompre la monotonie qu’un survol trop rapide pourrait générer : ici des clap-hands soulignent une rythmique subtilement hésitante ("Beggar fatigue"), là un violon, tenu par la toujours admirable Carrie Bradley, ponctue un refrain qui finit ainsi par retrouver sa route ("Scum of the earth : part 1") ou encore un contre-chant féminin, discret mais entêtant, épouse avec indolence les intonations de l’heureux Felix. C’est dans ces miniatures, qui rappellent par moments l’effort d’ouverture réalisé par Will Oldham sur "Ease down the road", que réside le pari esthétique emporté haut la main par le Granfaloon Bus. Evidemment, pour apprécier, il n’est pas inutile d’avoir pris country-music en deuxième langue musicale (pour la première, le choix est vite fait) mais il n’est non plus jamais trop tard pour se mettre à apprendre une langue étrangère – celle-ci vous rendra, avec un peu de clairvoyance, tout l’investissement que vous aurez pu accomplir pour l’apprivoiser.

Jc

Beggar fatigue
There’s a sugar museum
Scum of the earth (part 1 : a place to crash)
Scum of the earth (part 2 : the drone)
Silent mayhem dreams
House
Plucked
Lucky curtains

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