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Disques

Paul Weller – Studio 150

PAUL WELLER – Studio 150
(V2/Sony)

PAUL WELLER - Studio 150Son surnom ("Modfather") ne lui va plus. Mod, il a cessé de l’être depuis la séparation de Jam en 1982, ce qui fait quand même une paye. Et si son premier groupe peut effectivement revendiquer, au même titre que d’autres, la paternité d’une tradition brit-pop pré-coloniale (celle de Blur, pour la faire courte), Paul Weller trace depuis 20 ans un sillon folk-soul à la Stevie Winwood où il n’est guère suivi, en dépit d’une carrière solo aussi intéressante que sous-estimée (on glissera rapidement sur sa période Style Council ; c’était les années 80 après tout). Rajoutez à cela une colère anesthésiée par plus d’une décennie de blairisme matois et consensuel et vous comprendrez pourquoi l’ex-prolo de Woking n’a plus aujourd’hui pour objectif que de faire partager la musique qu’il adore sans plus trop se soucier de son impact politico-social. Il a choisi pour cela l’album de reprises et on ne pourra que saluer cette relecture d’un passé dont il a oublié d’être nostalgique. Car "Studio 150" est excellent. Certes Paul Weller ne se lance pas dans des chemins de traverse qu’il n’aurait jamais labourés mais ses obsessions sont suffisamment originales pour nous éloigner de la musique au kilomètre débitée régulièrement par les charcutiers de la pop : la northern soul ("Wishing on a Star", superbe morceau représentatif de ce style un peu ésotérique), les gimmicks 70’s à la Tarantino (le même), la musique traditionnelle anglaise ("Black is the Colour"), les pattes de poulet vaudou de la Nouvelle-Orleans (surpuissante version d’"Hercules" d’Allen Toussaint) ou Gordon Lightfoot, formidable songwriter canadien qui ressemble à Vercingétorix mais écrit des merveilles ("Early Morning Rain") dont même Tim Hardin pourrait être jaloux. Seule la reprise de "All Along the Watchtower", gonflée aux chœurs gospel, est dispensable mais de toute façon, plus personne (et encore moins son auteur, qui la massacre régulièrement sur scène) ne parvient aujourd’hui à donner de cette chanson l’interprétation qu’elle mérite. Rien d’étonnant à ce que l’album s’achève avec "Birds", de Neil Young, tant Paul Weller aura plané tout le disque sur un paysage musical qu’on a pris un vif plaisir à survoler une heure avec lui. Cela s’appelle bien vieillir.

Jean-Christophe

If I could only be sure
Wishing on a star
Don’t make promises
The bottle
Black is the colour
Close to you
Early morning rain
One way road
Hercules
Thinking of you
All along the watchtower
Birds

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