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Sébastien Schuller – interview


 C’est (encore) l’été, la saison du temps libre (qu’ils disent), alors je dépile les MD qui se sont entassés durant l’année avec des interviews non retranscrites. La honte. Pour celle de Sébastien Schuller, j’ai une (toute petite) excuse, c’est qu’une fois lancé, ce garçon parle beaucoup. C’était en avril, j’étais déjà un peu en retard sur la sortie de « Happiness« , il faisait beau, on avait rendez-vous dans un bar de la butte Montmartre où Sébastien Schuller a ses habitudes, y compris promotionnelles – « vous aussi, vous venez interviewer Sébastien ? vous avez écouté ce qu’il fait ? », me demandera le garçon en me servant mon Coca -, ce fut un bon moment. Depuis, il a fait un peu de scène (et notamment une prestation remarquée à la Route du Rock) et sera en tournée dans toute la France de septembre à novembre.

Il s’est écoulé un assez long laps de temps entre la sortie de ton EP et celle de l’album. Comment tu as vécu cette période ?
Ca a été un mélange de pression, d’attente et de négociation avec le nouveau label. La chance que j’ai eue, c’est qu’il y avait quand même des labels qui étaient intéressés directement quand j’ai quitté EMI. Il y avait l’attente de démarrer enfin la production, mais en même temps, en attendant de rentrer en studio, j’avais pas mal de choses à peaufiner. Quand tu es dans une période de négociation, quand tu attends un « oui » ferme et définitif, tu te retiens un peu quelque part. C’était la première fois de ma vie que je me sentais comme ça. Je n’avais pas envie de bosser pour rien, j’aurais pu, par exemple, composer d’autres titres. Là, j’avais des titres composés que j’attendais de pouvoir matérialiser sur CD, je réussissais à écrire, mais seulement un petit peu.

L’album était déjà composé au moment de la sortie du EP ?
Oui, il était là, à l’état de démo. Les démos se sont rapidement peaufinées dans les trois ou quatre mois qui ont suivi. Quand Catalogue m’a signé, c’est vraiment sur la foi de tous les morceaux arrangés et finalisés. Il y avait encore quelques trucs à finir, notamment les textes, mais tout était là. Donc en attendant, je n’avais pas envie d’écrire de nouveaux morceaux, car je me disais que ça allait tout révolutionner, que plein de titres allaient finir sur le carreau. Du coup je me sentais bridé et je ressentais une certaine frustration. A partir du moment où j’ai eu un « oui », ça a repris.

C’est toi qui t’es retrouvé à négocier ?
Non, j’ai quelqu’un qui m’aide pour ça. Je l’avais fait auparavant, mais toujours avec quelqu’un pour me filer un coup de main. Tu as du mal à te vendre. Se vendre soi-même, c’est un petit peu compliqué.

C’est une démarche plutôt inhabituelle de nos jours de sortir seulement un EP qui ne soit pas immédiatement suivi d’un album. Comment se fait-il que tu aies commencé par ça et que ça se soit arrêté là avec Capitol ?
Je pense qu’ils n’étaient pas persuadés que je puisse faire un album. Ils n’étaient peut-être pas persuadés que ma musique puisse rencontrer un public.

En même temps, un EP, ce n’est pas forcément le format qui le permette le plus aujourd’hui en France…
Je pense que ça permettait juste à Capitol de se faire une idée de ce que j’étais capable de faire en terme de production. J’avais des idées très précises sur ce que je voulais faire donc plutôt que d’investir trop d’argent d’un seul coup sur un gros projet, pour eux c’était un investissement mesuré. J’imagine. C’est con en fait, parce que ça a plutôt bien fonctionné. C’était dans une période difficile, en pleine fusion entre deux maisons de disques. Je ne savais plus à qui m’adresser, beaucoup de personnes avaient quitté le navire. Ou s’en étaient faites éjecter. Même des gros artistes comme Daho avaient apparemment presque les mêmes soucis. En tant qu’artiste débutant, c’était très difficile d’avoir des réponses sur ce que j’allais faire.

Chez Catalogue, tu es sur une structure à taille plus humaine…
Oui, il suffit de cinq minutes pour avoir un des deux directeurs du label au téléphone dès que j’ai envie de leur parler ou de leur poser une question.

Revenons un petit peu aux origines… Je crois savoir que tu as une formation plutôt classique.
J’ai commencé par la percussion classique, en école de musique. Je voulais faire de la batterie mais il n’y avait pas de cours de batterie dans ma ville. Le fait d’être inscrit à des cours de percussion me donnait accès à la salle de musique, juste en face de chez moi, dans laquelle il y avait des batteries, des xylophones, des vibraphones, un piano, et du coup, je pouvais passer mes après-midi là-bas en répétant et en travaillant. Je jouais aussi ce que je devais jouer pour les examens, mais ça me permettait aussi de jouer autre chose. On avait des heures et des heures d’impro avec des potes. C’est un peu comme si on te donnait les clés d’un paradis de percussions, on se créait des sets de batterie immenses avec huit toms et sept cymbales ! C’était surtout à défaut de cours de batterie moderne.

Elle a laissé des traces dans la façon dont tu composes, cette formation plus axée sur les percussions, sur les rythmes ?
Le côté rythmique est super important car il te permet de passer très facilement d’un instrument à un autre, tu n’auras pas de problème de rythme, seulement le problème des techniques liées à chaque instrument. Ensuite, je pense que le fait d’avoir joué dans des orchestres et d’avoir entendu énormément d’arrangements classiques constitue un certain éveil aussi. Tu as du mal à identifier tout ça. Après je suis arrivé à une période de ma vie où j’ai eu envie d’oublier tout ce que j’avais pu apprendre en matière de solfège et de cours pour devenir vierge sur chaque instrument que je pouvais aborder, et un peu plus vierge sur la composition.

Ensuite, tu t’es mis aux claviers ?
J’ai d’abord joué un peu de piano dans la salle de percussions. A un moment, mon meilleur ami qui jouait de la batterie avec moi jouait dans un groupe pop-rock dans lequel il y avait éventuellement une place de clavier. Je trouvais ça sympa de continuer à jouer avec lui donc je me suis mis aux claviers. Je me suis acheté mon premier synthé et d’entrée, il y avait un séquenceur dedans, et ça me donnait la possibilité de superposer plusieurs parties, de mettre une mini boîte à rythmes, de mettre des nappes, du piano. Cela m’a tout de suite intéressé. Gamin, j’avais passé beaucoup de temps à écouter de la pop, à me passionner pour les mélodies. Je me suis rendu compte que ça me passionnait de les superposer les unes aux autres, d’où ce goût pour l’arrangement.

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