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Black Wire – Interview

BLACK WIRE

Avec un premier album sous le bras, les sympathiques membres de Black Wire entendent bien conquérir les contrées françaises comme ils ont déjà séduit leur ville natale, Leeds. Même si leur disque n’est peut-être pas ce que 2005 a proposé de plus inoubliable, c’est tout le mal qu’on leur souhaite : l’argent des ventes leur permettra peut-être de se payer le coiffeur.

Sur votre site, vous dîtes vouloir que les gens vous aiment ou vous détestent. Mais au fond, qu’est-ce que vous préférez ?
Je crois que j’aime vraiment mieux quand les gens nous aiment. Oui, financièrement les conséquences sont plus agréables. (rires) Et ça nous rend plus heureux aussi, il faut dire.

Est-ce qu’il y a des raisons particulières qui pourraient faire que les gens vous détestent ?
A part des affinités personnelles, je ne vois pas ce que ça pourrait être. Nous mettons beaucoup de passion dans ce que nous faisons, et il se peut que ça attire en retour des réactions assez passionnées. A nos débuts notamment, il y avait beaucoup de "négativité passionnée". (Rires) Quand nous nous produisions sur scène, les gens avaient du mal à concevoir que nous utilisions une boîte à rythmes, et ne voulaient pas nous accepter comme un groupe à part entière, simplement parce que nous utilisions ce genre de matériel. Maintenant, c’est plus passé dans les mœurs. Les gens ont eu besoin d’un peu de temps pour comprendre pourquoi on avait recours à ça.

Et sans doute aussi, parce que c’est devenu une pratique de plus en plus courante aujourd’hui.
Oui. Quand j’ai vu les Kills en concert, je voyais un groupe sur scène, et je n’ai même pas prêté attention au fait qu’ils utilisaient une boite à rythmes. J’en ai pris note, mais je ne me suis pas posé de questions quant à ça. Je ne comprends pas pourquoi ça interpelle autant les gens et pourquoi ils cherchent toujours à y trouver une explication.

Bon, je ne vous pose pas la question alors… Sur le papier, votre musique s’apparente beaucoup à un certain courant à la mode, du rock énergique très influencé par les années 70 et 80. Malheureusement, beaucoup de groupes sont passés par là avant vous. Qu’est-ce qui fait votre différence ?
Je pense en effet que beaucoup de groupes actuels sonnent comme dans les eighties, comme The Bravery ou The Killers. Je ne crois pas que nous ayons les mêmes influences que ces groupes, Duran Duran, ce genre de choses.
J’ai tendance à être sur la défensive quand on nous assimile aux années 80. On ne peut évidemment pas nier l’influence massive qu’ont eu sur nous certains groupes des années 80 comme The Jam, The Specials, ou The Cure. Mais notre volonté n’est pas du tout de reproduire un son qui avait cours à cette époque. Pour moi, il n’y a qu’une chanson sur l’album qui sonne vraiment étro.
Je pense que ce qui nous décrirait pas mal serait le terme de "dark pop" que certains journalistes ont employé à notre sujet. Mais on ne peut pas vraiment se décrire nous-mêmes. Il y a déjà eu pas mal de rapprochements et de tentatives faites en ce sens.

Vous vous décrivez pourtant assez bien avec le nom que vous avez choisi. Doit-on le comprendre comme une référence explicite à Wire ? Sachant que votre disque peut permettre le rapprochement…
Pas vraiment en réalité. Il se trouve que le nom va bien à la musique et vice versa. Mais nous avons rencontré le bassiste de Wire, et il pensait aussi que c’était une référence. Ça lui a d’ailleurs fait très plaisir. (Rires) Il pensait qu’on voulait s’annoncer comme une version gothique de Wire. Mais j’aime beaucoup ce groupe. "Pink Flag" est sans doute mon album préféré.

On peut penser aussi aux Clash en écoutant
Pourquoi pas ? C’est vrai que lorsque nous enregistrions le disque, nous écoutions beaucoup les albums des Clash. Ce que j’aime surtout chez eux, c’est la nature éclectique de leur musique, qui peut mêler du punk, du reggae, du ska, de la pop. Ce qui est drôle c’est que dès que quelqu’un nous parle de notre musique, il cite de nouvelles références…

Qu’est-ce que vous avez déjà eu ?
Nous avons eu droit à des trucs très bizarres : "Sisters of Mercy meets Joy Division". C’était un journaliste belge. On nous a aussi rapproché des Kaiser Chiefs, ce qui me semble assez étrange. Mais aussi d’Elastica, ce que nous avons plutôt pris comme un compliment parce que nous sommes assez fans de ce groupe.

Quels sont vos véritables modèles alors ?
Nous écoutons beaucoup de Birthday Party. Nick Cave est une grande référence, et son premier groupe est assurément quelque chose que nous avons souvent en tête. The Jam est certainement la raison pour laquelle j’ai voulu être dans un groupe de rock. J’aime beaucoup Richard Hell également. Plus récemment, The Cribs ou Maximö Park m’ont bien plu.

Je n’aurais pas deviné que vous étiez des fans de Nick Cave, même si, en effet, votre musique a ce quelque chose d’un peu sombre. Est-ce que c’était votre intention de faire un disque de musique dansante avec un arrière-fond plus noir ?
Il n’y a pas de raison de faire un disque que vous n’écouteriez pas vous-même. Nous sommes contents si les gens y trouvent leur compte et peuvent danser. Nous voulions donc garder quelque chose d’assez sombre, mais nous tenions vraiment à ce que ce soit un album de pop.
Mais ce n’est pas vraiment une décision si consciente que ça de faire quelque chose qui ait ce côté sombre. C’est sorti comme ça. C’est juste un reflet de notre état d’esprit à ce moment là.

Mais il y a aussi une part de sarcasme ?
Je pense qu’il y avait de l’excitation dûe au fait qu’on se réunissait pour la première fois dans ces conditions pour enregistrer, et l’enthousiasme qu’on éprouvait sur le moment se ressent peut-être sur le disque sous forme d’ironie ou de second degré. Quelque chose d’un peu enjoué. Nous ne sommes pas des gens dépressifs en tout cas.

C’est votre premier album, mais vous êtes apparemment perçus comme des stars locales à Leeds, où vous avez beaucoup joué. Est-ce que vous auriez pu enregistrer cet album ailleurs ?
Certainement pas. Ça aurait sonné tout à fait différemment. C’est vraiment primordial dans notre approche de la musique. Il y a tant de choses qui se passent à Leeds. Deux d’entre nous y ont vécu depuis que nous sommes gosses. Il y a une communauté là-bas, nous y avons nos habitudes, notre réseau. Il y a une part de Leeds dans ce disque.

Propos recueillis par Jean-Charles Dufeu

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