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Disques

Simon Joyner – Beautiful Losers

SIMON JOYNER – Beautiful Losers
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SIMON JOYNER - Beautiful LosersDans la grande famille des anti-héros qui font et défont le rock’n roll, une place de choix devrait être réservée à Simon Joyner. Quoi que puisse en penser le jeune Conor Oberst, disciple et ami de ce perdant magnifique auto-proclamé, qui le considère comme son "songwriter préféré", peu nombreux sont aujourd’hui les gens qui partagent cette opinion, ou qui connaissent même l’existence (ou les disques) de cet olibrius. Et quelque part, il l’a bien cherché… Car ce n’est sûrement pas en empoignant à la hâte une guitare à peine accordée, et en braillant par-dessus, avec des accords plaqués comme des rafales de baffes pour tout arrangement, que les MTV Awards vont pointer le bout de leur nez. Cela dit, à bien y réfléchir, on pourrait émettre l’improbable hypothèse que Simon s’en fout pas mal… des MTV Awards d’une part, et d’une quelconque reconnaissance d’autre part. Ce serait en tout cas rendre compte d’une première partie de la singularité de ces chansons, rassemblées ici sous forme d’une compilation de morceaux rares ou inédits. Dans la plus grande tradition des protest-singers grinçants à la Woody Guthrie, mais sans discours politique systématique, loin s’en faut, notre "beautiful loser" déroule sans complexe un tapis légèrement miteux sur lequel poussent des chansons bringuebalantes, très vraisemblablement enregistrées en peu de prises. Que les maniaques de la production soignée passent donc leur chemin et laissent la place aux amateurs de spontanéité lo-fi, qui pourront apprécier à leur juste valeur les charmes de cette icône méconnue. Il faut toutefois un peu de patience pour apprivoiser cette vingtaine de titres, qui ne deviennent éminemment attachants qu’après une longue période d’essai (d’un peu moins de deux ans tout de même). Rassurez-vous malgré tout : le folk de Simon Joyner, tout cabossé, décousu et débraillé soit-il, compte lui aussi quelques moments de bravoure qui attirent vite l’attention, comme le conquérant "Robin Hood", l’impétueux "Milk", ou le moldy-peachesien avant l’heure "R for Riot". Mais au delà de ces titres où la hargne s’adapte aux moyens du bord, les vraies pépites sont les ballades tourmentées ("Veteran’s Hospital Song"), ironiques, oniriques ("Last Night I had a Conversation with God"), ou franchement décalées… "One for the Catholic Girls", judicieusement placée en fin de ce recueil a tout de la chanson dylanienne dépravée, conçue avec le cœur et les mots plus qu’avec la technique : un trésor pour les pauvres. Peut-être ce qui définit au mieux finalement le talent aussi sûr qu’inhabituel d’un loser comme Simon Joyner.

Jean-Charles Dufeu

Love Is Worth Suffering For
Fearful Man
Robin Hood
Jeff Engel Rules
Don’t Begrudge a Man His Funeral
Milk
Godzilla
Sorrow Floats
Hotter Than Satan’s Heels
Fluoride
Hold on to Your Breath
Swing
R is for Riot
Hot Tears
I Would Not Try to Break Ties with Me
Last Night I Had a Conversation with God
Burn Rubber
Veteran’s Hospital Song
Flannery O’Conner
Judas Blues
Is This How Generous You Are?
One for the Catholic Girls

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