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Busdriver – Interview

BUSDRIVER

Ca a été un peu le jeu du chat et de la souris. Mais enfin, après l’avoir cherché sans succès dans l’après-midi, nous avons pu coincer Busdriver après son concert du samedi 18 novembre au festival Nördik Impakt de Caen, en se liguant avec un journaliste allemand. C’est un homme visiblement fatigué par sa longue semaine de concerts français qui nous a accueillis, mais l’inimitable rappeur californien s’est prêté de bonne grâce à nos questions malgré l’heure déjà tardive.

NB : les questions du journaliste allemand figurent en italique.

Tu es content de ton concert ?

Eh bien, ça a fonctionné. C’est toujours un peu dur avec toute cette fumée, ce brouillard, ces lumières. Ça donne l’impression d’être au beau milieu d’un film de science-fiction. Mais pour l’essentiel, ça s’est bien passé.

Fais-tu beaucoup de festivals ou tournes-tu principalement dans les clubs ? Je ne te connais que par les clubs.

Oui, je tourne surtout en club. Je suis un homme de club. Mais en Europe, bien sûr, il y a toujours des festivals. Alors je fais des festivals. J’aime les festivals. C’est si grand, si disproportionné. Je joue partout où je vais : dans les clubs, pour les fêtes d’anniversaire, dans des bureaux… Peu importe.

Tu as déjà joué en Normandie, n’est-ce pas ?

Oui.

Tu as joué dans le club "Le Bunker".

Oui ! Oh, tu te souviens de ça.

Tu es content de ta semaine de concerts ? Tu sembles faire une sorte de tournée française en ce moment.

Oui, une petite tournée, juste histoire de se faire connaître à nouveau du marché français. Ça a bien marché. J’ai fait 3 concerts avec Bonobo de Ninja Tune. Il s’est passé beaucoup de choses, ça a été intéressant. Je ne sais pas trop quoi dire. Tout se passe toujours bien. Et puis j’ai apporté un nouvel élément à mon show. Je suis avec Caural, c’est mon nouveau DJ. Je suis content de l’avoir avec moi.

Comment en es-tu venu à développer ce nouveau style de musique qui mélange le rap et le hip hop avec de la musique électronique très intéressante ?

Je n’y suis pas venu. Ça s’est juste passé comme ça. Rien n’a jamais été planifié ou préconçu. Les amis avec qui je travaille sont dans ce genre de musique. C’est venu s’incorporer naturellement à mes chansons. J’ai bossé dur avec mon copain producteur Daedelus, que les gens étiquettent souvent IDM ou électronique, même si c’est aussi un producteur hip hop. Ça s’est fait juste comme ça. Caural, celui qui s’occupe de la musique sur scène donne dans une grande variété de genres, dans l’IDM, dans l’électronique, dans le hip hop. Donc tout s’explique. Dans une certaine mesure, c’est bien d’avoir accès à tout.

Ton prochain album sort en janvier.

Oui !

Comment sonnera-t-il ? En quoi sera-t-il différent de "Fear of a Black Tangent", par exemple ?

Eh bien… Je ne sais pas trop quoi dire. Il sera très varié, je pourrais dire. Il y aura des beats electro, des synthés, et beaucoup de sons pop dance. Ce n’est pas le Busdriver habituel. Oui, c’est différent de "Fear of a Black Tangent". Je le considère comme un très bon album.

Peux-tu m’en dire plus sur ta collaboration avec Taktlo$$, mon rappeur préféré ?

Oui. Ça fait des années que je n’ai plus vu Taktloss. Si jamais tu le vois, salue-le. Nous nous sommes vus la dernière fois à Berlin en 2001 ou 2002. Nous avons joué avec Taktloss, nous avons fait des shows avec Taktloss. En fait, Taktloss est venu à LA par lui-même en 2000. Il était à Hollywood, il est venu à pied jusqu’à notre studio de South Central, ce qui fait bien 15 miles, et il est entré pour nous dire (il prend un accent allemand) : "eh salut, je suis Taktloss, je viens d’Allemagne et je rappe". C’était très étrange. C’est comme ça que je l’ai rencontré. Il avait obtenu une subvention en Allemagne pour mener une étude sur le hip hop à LA. Nous avons alors tourné avec lui. J’aime bien Taktloss. Il a fait officiellement partie de notre collectif pendant plusieurs années. La branche allemande du Project Blowed, c’était lui. C’est un type marrant. Il est très calme quand il dit des choses. Et c’est un bon rappeur, un excellent rappeur.

Tu écoutes du hip hop allemand ?

Non, plus trop.

Tu t’intéresses aux différentes scènes hip hop internationales ?

Eh bien…

Peut-être la scène française au moins (il porte un t-shirt avec Cuizinier de TTC).

Oui, la scène française, Cuizinier. Mais pas beaucoup plus. J’aime faire attention au sens des mots. Alors je ne m’intéresse pas beaucoup aux scènes internationales.

Comment pourrais-je te présenter la scène hip hop berlinoise, par exemple ?

Par courrier. J’écouterai ça ! Sinon, je suis très proche de la scène parisienne. TTC, Para One, Tacteel. J’aime beaucoup ce qu’ils font. Ils m’ont beaucoup aidé toutes ces années. Alors je les soutiens !

Maintenant tu es sur Epitath, un label de punk et de hardcore. Ils ont signé Sage Francis et s’engagent de plus en plus dans le hip hop. Mais comment s’est fait la connexion avec toi ?

Ces dernières années, ils ont sorti une série d’albums indie hip hop à succès : le Sage Francis, le Danger Doom, le The Coup. Et ils recherchent toujours plus de hip hop indépendant. Je sais qu’ils n’ont pas tous marché ici, mais aux US, le hip hop indépendant a vraiment du succès. Je voulais être avec eux. Alors je leur ai donné certains de mes travaux en cours. Et ils ont décidé de me signer. C’est curieux, parce que je suis un artiste plutôt modeste. C’est étrange. Mais je suis très content. Ils ont été un très bon label jusqu’ici.

Et qu’en est-il de ton propre label, "Temporary Whatever" ? Ça continue ?

Oui. J’ai sorti récemment le disque d’un groupe du nom d’Of Mexican Descent.

Tu parles de la réédition de "Exitos y Mas Exitos" ?

Oui !

Je l’ai, mais je n’avais même pas noté que c’était sorti sur ton label.

C’est bien ! Oui, nous avons fait ça. Mais je ne sais pas encore quelle sera notre prochaine sortie. Peut-être le prochain album de CVE. Je dois d’abord voir comment il va sonner. Je ne sais pas encore. En tout cas, nous sommes fiers du disque d’Of Mexican Descent. Les morceaux qui sont dessus sont très importants à mes yeux.

Et un peu plus tôt tu as sorti l’album de Lab Waste.

Oui. J’aimerais trouver un label capable de le sortir ici. Je sais que Lab Waste pourrait marcher. Ils voulaient être un peu plus présents en Europe. J’aimerais leur offrir ça. C’est un très bon groupe et je sais qu’un jour, les gens commenceront vraiment à les apprécier.

Tu as pu écouter "Thru", le dernier album de Thavius Beck ?

Bien sûr ! Et il est fantastique.

Et le Subtitle, "Terrain to Roam" ?

Oui, les deux sont vraiment bons. Je pense qu’ils vont sortir un nouvel album de Lab Waste avec moi ou avec quelqu’un d’autre. Avec un peu de chance, ça marchera.

Quant à tes relations avec Radioinactive ? The Weather, c’est une expérience que tu voudrais renouveler ?

Je ne sais pas. J’aimerais avant tout travailler davantage avec Daedelus. C’est un bon ami à moi. Ses méthodes ont changé au fil des ans, il a beaucoup évolué. J’aimerais vraiment faire un nouveau disque avec lui. Et avec Radioinactive également, peut-être un peu plus tard.

Il est en France en ce moment. Je l’ai vu en concert la semaine dernière.

Oui. Il est ici, il passe ici et là (rires) ! Il va dans les cafés, il prend des cafés, il rappe dans les rues…

Propos recueillis par Sylvain Bertot

 

Merci à Sophie et à Nördik Impakt pour cette interview

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