SHANNON WRIGHT – Let In the Light
 (Vicious Circle / Wagram) [site] – acheter ce disque
 
Un peu vite cataloguée écorchée vive de service, notamment après le brillant "Over the Sun" Shannon Wright revient avec ce "Let In the Light ", prouvant que les grands artistes lo-fi ne se servent de cette étiquette que pour mieux la dépasser. Aucune pose indie ici ; alors que l’on pouvait apercevoir un virulent message anti-mainstream dans ses précédents albums, une volonté affichée de refuser le compromis et la propreté d’un son sans doute jugé trop neutre, sur ce nouvel album, nulle trace de cette revendication indie qui fit la réputation de l’Américaine. Bien au contraire, le piano prend ici beaucoup de place, et la guitare se fait franchement plus discrète. Vous l’avez compris, "Let In the Light" va vite être qualifié d’ "album de la maturité". Horreur et damnation ! Le piège de l’apaisement, l’écueil de l’ "Aboutissement Artistique" avec deux grands A. Sauf que là, ce n’est pas le cas, tout simplement parce que Shannon Wright ne s’est jamais contentée d’une attitude formelle, ou d’une mise en son spécifique, mais qu’elle est – et elle le prouve ici – une artiste à part entière, et que ses compositions se satisfont à merveille de cette sobriété. Sobriété toute relative cependant, puisque l’album recèle une densité instrumentale bien réelle : on retrouve d’ailleurs une batterie qui reste toujours très rock, et cette guitare distordue, qui, quoique plus occasionnelle, vient ponctuer les morceaux toujours à bon escient. Voilà qui contentera les puristes nostalgiques de Shannon première période, qui d’ailleurs seront comblés par le très PJ Harvey "Don’t You Doubt Me" – on n’échappe pas à ses références…
 Mais ce dépouillement révèle surtout les qualités intrinsèques des compositions de la folk-rockeuse, dont la vivacité atteint au moins le niveau de ses albums précédents : la voix, d’une profondeur tragique constante, illumine des compositions toujours inspirées, qui refusent la facilité tout en affichant une évidence mélodique tantôt légère (en ouverture, la ritournelle "Defy This Love", ou le quasi-hymne final "Everybody’s Got Their Own Part to Play"), tantôt dramatique ("They’ll Kill the Actor in the End"), limpide et émouvante de bout en bout.
David Dufeu
 Defy This Love
 St Pete
 You Baffle Me
 Idle Hands
 When the Light Shone Down
 Don’t You Doubt Me
 In the Morning
 Steadfast and True
 They’ll Kill the Actor in the End
 Louise
 Everybody’s Got Their Own Part to Play
