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Anna Ternheim – Interview


Talentueuse compositrice suédoise, Anna Ternheim s’était fait connaître au public français l’an passé avec l’album « Somebody Outside », d’une douceur folk insigne dans un écrin de velours, un extrait (« French Love ») ou l’autre (« To Be Gone ») passant en rotation légère sur France Inter et des apparitions assez remarquées sur les scènes parisiennes. L’album lui a valu à la fois des louanges pour ses qualités évidentes de mélodiste et de chanteuse et des réserves plus ou moins justifiées pour ses arrangements un rien trop chiadés. Embarquée sur le paquebot Universal et disposée aux remises en cause, la musique d’Anna Ternheim connaît sur son second album, « Separation Road  » une réelle mutation : du folk racé, elle passe à une pop orchestrale ample qui donne une sorte d’accent dramatique à ses ballades intimes. Ciel plombé pour voix lumineuse et parfois tranchante, le ton est donné et contraste quelque peu avec la douceur inquiète et presque timide de la chanteuse venue à Paris exposer son projet, et présenter ses chansons sur la scène du Point Ephémère.

Quelle est la signification de ce titre, « Separation Road » ? Le chemin pour dire adieu à l’enfance, aux histoires d’amour passées, thèmes que tu évoques dans l’album ?
Je pense qu’on peut mettre toutes ces significations en effet, sans trop limiter l’imaginaire de l’auditeur à ce que tu mentionnes. Je cherchais une expression appropriée pour exprimer le changement, peut-être le passage à la vie adulte, lorsque l’on est amené à faire des choix qui vous engagent pour la suite, et à tracer dans une direction donnée. Ce n’est pas exactement la croisée des chemins (« crossroad », ndlr), l’hésitation entre les voies, c’est le choix déjà fait qui amène à ne pas regarder en arrière. Mais c’est une proposition parmi d’autres. Ce n’est peut-être pas à moi de donner le sens de l’expression ou à le raccorder de façon cohérente avec tout l’album. Et je ne suis pas du tout sûre de devoir préciser le sens de cette expression.

Et le visuel du disque, d’où vient-il ?
Nous y avons beaucoup réfléchi avec ceux qui m’entourent. Je connaissais ce paysage d’éoliennes depuis longtemps, et je voulais en faire quelque chose, mais j’ai mis du temps à trouver une proposition pour le faire exister. Et puis j’ai pensé à ces jeunes garçons en tee-shirt blanc sans manches, qui me renvoyaient à une image de moi enfant. Alors, on a essayé de mettre en place cette armée de jeunes garçons, sur fond de ciel sombre, dans la tonalité de l’album.

Il y a sur l’album un contraste évident entre des paroles intimistes et une production riche, avec un son ample. C’était intentionnel ? A quel moment l’idée t’en est-elle venue ?
Depuis longtemps. Je voulais un son plus gros en effet, tenter autre chose après un premier album centré sur mon type de composition habituelle, à la guitare ou au piano. L’intimisme me semblait pouvoir être exposé et les sentiments prendre de l’ampleur. Nous avons donc eu recours à un ensemble de cordes (Stockholm Session Strings, ndlr), à une grosse orchestration pour mettre en tension, en contraste, le fond et la forme, pour risquer mes textes et mes compositions sur des territoires plus larges. Mais cette envie est née vraiment du premier album, dont je vois aussi le prolongement dans le second.

Est-ce qu’il n’y a pas tout de même une rupture entre un premier album plus folk, et un second plus pop orchestrale ?
Oui et non. C’est a priori évident à l’écoute, et en même temps je ne cherche pas à écrire folk ou pop, ou dans un autre genre particulier. Je compose de la même manière, mais je suis attentive ensuite à ce que les chansons réclament comme traitement. Ici, l’orchestration ample me semblait requise par les morceaux eux-mêmes. Sur les prochains, ce sera sans doute autre chose.

Je suis assez impressionné par ton sens mélodique. Je trouve que sur certaines chansons, comme « Lovers Dream « , il éclate vraiment. Est-ce que tu commences par écrire les mélodies ?
Oui, en général, c’est ce qui me vient, à la guitare ou au piano, et très vite après, ou même avec, quelques mots, quelques phrases. Je construis ensuite à partir de là. Mais je n’ai évidemment pas de recette de composition.

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