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Kent – L’Homme de Mars

KENT – L’Homme De Mars
(Universal – AZ) [site] – acheter ce disque

KENT - L'Homme De MarsVoilà ce qu’on appelle du contre-courant. Kent surgit là où l’on ne l’attendait pas : dans le concept-album. Depuis le début d’année, des informations filtraient : Kent serait en passe de réaliser une œuvre transversale, un album sortant au même moment qu’une œuvre BD, basée sur un concept métaphorique. Vu de l’extérieur, cela paraissait inattendu : l’homme étant issu d’une génération qui rejeta en bloc les sombres aventures conceptuelles du rock progressif pour retrouver la fulgurance des chansons concises, que se passait-t-il donc ?

Et soudain, les morceaux débarquèrent en avant-première sur Myspace et ce fut le choc : quel son ! Des orchestrations entre Lalo Schifrin, Jimmy Webb et Scott Walker, cuivres, cordes et timbales, une voix qui se fait crooner pour partir en grandes envolées… Et l’album est là, devant nous et le constat est implacable : Kent a retrouvé le vrai sens du concept-album. Avant les dérives, les merveilles des Pretty Things ("SF Sorrow"), de Christophe ("Les Paradis perdus") ou des Moody Blues ("Days of Futured Passed") avaient posé les vrais canons du genre. Kent renoue avec cette tradition, en créant la figure métaphorique du Martien venant en observateur faire un voyage sur Terre pour se familiariser à nos us et coutumes, pour en ressortir quelque peu désorienté. Manière de marquer son incompréhension face à la société moderne telle qu’elle se crée jour après jour, cet album est un croisement entre passé et futur : il crée ainsi une œuvre graphique dans la droite ligne des pionniers de la SF des années 50, donnant à l’ensemble de son œuvre une tonalité rétro-futuriste, comme l’indique "La nostalgie de l’avenir". A l’écoute de l’album, c’est la luxuriance des arrangements, élaborés par Fred Pallem, qui sidère, transcendant des titres déjà de très haute tenue : "Welcome to my Paradise" qui explose comme "Eloise" de Barry Ryan, "On a marché sur la Terre", stigmatisant la noirceur de notre société et la nostalgie d’un âge d’or ("Avant les années obscures / On y a vu de la lumière"), ou "Comme Georges Bailey", beau comme un coucher de soleil vu de Mars, poétique et infini, avec un refrain porté par un piano solennel. L’impression que les rêves sont finis. "La Nostalgie de l’avenir" est à pleurer, les cuivres du refrain, sombres et discrets, touchent profondément. "Dans le rouge" sonne comme un inédit de "L’Homme à tête de chou", piano et guitare reposant sur un lit de cordes. La guitare électrique revient au premier plan le temps de "Paroles d’hommes".

En pleine période de dématérialisation musicale et de chansons téléchargés en passant, Kent fait un bras d’honneur au système en livrant une œuvre matériellement vivante, qui ne peut se concevoir que dans son ensemble, indissociable de l’aventure graphique qui l’accompagne. Cette aventure totalement réussie fait de "L’Homme de Mars" un des évènements artistiques les plus importants de ces dernières années.

Frédéric Antona

Prologue
Ici et maintenant
Welcome to my Paradise
Télépathie
On a marché sur la Terre
Vibrato
Paroles d’hommes
Comme George Bailey
Rapport humain
Mon étudiante
La nostalgie de l’avenir
Amer sonnet
Miss monde
Happiness et moi
Dans le rouge
Planète Mars
Epilogue

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