Loading...
Disques

Sigur Rós – eð suð í eyrum við spilum endalaust

SIGUR RÓS – Eð Suð í Eyrum Við Spilum Endalaust
(EMI) [site] – acheter ce disque

SIGUR RÓS - Eð Suð í Eyrum Við Spilum EndalaustLe folk d’ouverture, construit sur des guitares rythmiques et des chœurs bucoliques, annonce la couleur sans la fixer : aussi libre de mouvement que les naturistes de sa pochette et du clip de "Gobbledigook", le nouvel album des Islandais est un disque ensoleillé, offert à tous les vents, bien dans sa peau. Cela fait un moment que cette ouverture se dessine, depuis "( )", peu convaincant, ou le plus abouti "Takk" ; cependant elle n’avait pas atteint encore ce juste équilibre harmonieux qui permet au groupe d’embrasser les contraires, notamment l’intime et le symphonique (ainsi du bien nommé "Festival"), la clarté pop et la féerie lyrique, et de dépasser une bonne fois pour toutes les influences du passé, le néo-prog psyché mogwaiant des débuts aussi bien que les expérimentations électroniques occasionnelles qui ont suivi. Un groupe content d’être lui-même, suffisamment confiant dans ses dons (la voix ici superlative de Jón, un sens naturel de la pop orchestrale) pour ne plus cultiver, comme des secrets jalousement gardés, ses petites idiosyncrasies (la langue imaginaire, l’imagerie cryptée, les poussées apocalyptiques), toutes choses aussi utiles à l’affirmation de son identité musicale que le sont, toute proportion gardée, les boutons d’acné et les coupes rebelles à l’adolescent. Attention, je ne suis pas en train de dire que le groupe est devenu adulte, plus simplement que, libéré du souci de soi (de son image, du caractère innovant de ses expériences sonores), il semble s’adonner plus librement à ce qu’il aime, et qu’il fait bien : s’ébattre dans un espace imaginaire, proche de l’utopie, où la pesanteur du quotidien n’empêche en rien une ligne de piano de s’envoler ("Með Suð I Eyrum"), un soliloque vocal de toucher à une part d’universel ("All Alright"), un chœur de s’enflammer naïvement. A force de les voir ainsi soit jouer, soit tutoyer les anges, on peut supposer qu’un atterrissage un peu rude ou trivial pourrait s’annoncer, mais on ne voit pas du tout en quoi on laisserait se gâter le plaisir présent, bien tangible, que procurent les rêveries de Sigur Rós.

David Larre

à lire également sur Sigur Rós :
la chronique de "Takk" (2005)
la chronique de "Ba Ba Ti Ki Di Do" (2004)

Gobbledigook
Inní Mér Syngur Vitleysingur
GóðAn Daginn
Við Spilum Endalaust
Festival
Með Suð I Eyrum
Ara Bátur
Illgresi
Fljótavík
Straumnes
All Alright

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *