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For Against – Paris, le Klub, 20 octobre 2008

FOR AGAINST – Paris, Le Klub, 20 octobre 2008

Pas au bon endroit, pas au bon moment. C’est comme cela qu’on serait tenté de résumer la carrière de ce groupe du Nebraska, apparu au beau milieu des années 80, sorte de chaînon manquant (ou pas) entre le post-punk et le mouvement shoegazing, et dont, jusqu’à preuve du contraire, peu de gens de ce côté-ci de l’Atlantique avaient entendu parler avant que le label de Minneapolis Words On Music n’entame une salutaire campagne de réédition des premiers albums du groupe, le remettant au passage en selle pour poursuivre ses aventures discographiques, avec "Coalesced" en 2002 et "Shade Side Sunny Side" en début d’année. Ce dernier album marquait également le retour d’Harry Dingman III, guitariste et membre fondateur du groupe. L’étape suivante, c’était de repartir en tournée. C’est ainsi qu’après une première escale en Grèce l’an passé – sa première incursion en Europe en vingt-cinq ans -, le groupe se lançait en ce début d’automne dans sa première tournée européenne, forte de douze dates dans six pays. Dont Paris, ce lundi soir.

Jeffrey Runnings (For Against)

Une fois passée la première partie, Tchiki Boum – punk ludique, sans peur et sans reproche, pas vraiment ma tasse de thé -, la salle se vide quelque peu, ne restent que les fans – il y en a ! Ils connaissent les paroles par coeur ! moi, j’avoue avoir ignoré l’existence de ce groupe jusqu’à la première réédition de Words On Music… Majoritairement, ces fans semblent du genre corbeau : la robe est noire, le teint blafard voire charbonneux, la crête vive et le piercing saillant. Tout le contraire du groupe, en somme, dont les membres – chemise, polo à rayures -, sont habillés peu ou prou comme ceux de Windsor for the Derby, ce qui est tout à fait normal pour un groupe américain jouant de la new wave. Tout va bien.

For Against

Jeffrey Runnings, en contraste total avec son crâne rasé et ses traits sans doute un peu durcis par l’âge, a gardé dans la voix les airs adolescents qui donnaient un côté rêveur à la musique du groupe en 1988 et envoie des rafales de basse jouées dans le bas du manche, l’air absent. Harry Dingman, à la guitare, est un très bon guitariste, dans le style des guitaristes eighties possédant un son bien à eux, savant mélange de distorsion, de feedback, de reverb et de flange, sachant jouer les mouches du coche mélodiques comme les tauliers rythmiques, à l’instar d’un John McGeoch, d’un Andy Gill ou d’un John Ashton. Nick Buller, dernière recrue, pourrait être leur fils et est un batteur formidable (au passage, j’ai remarqué récemment que j’avais de plus en plus tendance à trouver les batteurs formidables. Est-ce une conséquence de l’âge à votre avis ? Bref, celui-là l’était vraiment), à fond pendant tout le concert.

For Against

Bien qu’auteur en début d’année d’un nouvel album honorable, le groupe ne rechigne pas devant ses vieux titres, dont sera majoritairement composé le concert, de "December" à "Autocrat", en passant par le "tube" "Amen Yves". Les fulgurances pop comme "It’s a Lie" viennent éclaircir le propos, plutôt noisy et cafardeux, je ne vous le cacherai pas. Le groupe, concentré, enchaîne les titres à un rythme soutenu, parle peu. Cette fois-ci, on est au bon endroit et au bon moment, le groupe délivre une performance non loin d’être exceptionnelle dont on regrettera seulement qu’elle n’ait pas eu lieu vingt ans auparavant, ne serait-ce que parce que pendant les moments de répit que nous laisse le groupe entre deux morceaux, je me sens un peu comme un vélib pris au beau milieu d’une reconstitution en costumes de la Commune de Paris. Et aussi, plus sérieusement, parce que le groupe, à cette époque, aurait sans doute touché un public radicalement plus large. Le concert gagne encore en intensité pour s’achever avec un rappel haut de gamme sous la forme de deux titres tirés du premier album, "Echelons", l’homérique "Broke my Back" et l’efficace "Autocrat" : "yeah, that’s right, that’s the way it is".

Guillaume

A lire également, sur For Against :
la chronique de « Shade Side Sunny Side » (2008)
la chronique de « In the Marshes » (2008)
la chronique de « December » (2005)
la chronique de « Echelons  » (2004)

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