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DLGZ Rock 5tet – New Tricks For Old Dogs

DLGZ ROCK 5TET – New Tricks For Old Dogs
(Pourquoi Faire Simple / Anticraft) [site] – acheter ce disque

DLGZ ROCK 5TET - New Tricks For Old DogsNous avions eu l’occasion d’évoquer ce groupe lillois à la sortie de sa première production, "An Unexpected Landing", maxi sorti en 2005 sur le même label, Pourquoi Faire Simple. DLGZ se nommait encore DaddyLongLegz et nous y avions déjà remarqué une saine ambition, des influences pour le moins éclectiques et un farouche rejet des formats classiques. Après avoir écumé les salles de la région et réalisé un second maxi en 2007, l’excellent et condensé "Rock Music of Our Own", la formation reçut une aide financière de la part d’Envie d’Agir, leur offrant la possibilité d’enregistrer avec le musicien qu’ils semblent tous respecter le plus : John McEntire, membre de Tortoise et producteur, entre autres, de Stereolab et des Fiery Furnaces. L’occasion de se rendre dans les studios SOMA à Chicago, de bénéficier à la fois d’un matériel unique, essentiellement composé d’équipements datant des années soixante, et de l’expertise sonore du bonhomme.

S’il est déjà appréciable de travailler avec quelqu’un que l’on admire et avec qui on sent une sincère connexion, l’expérience artistique de McEntire leur permit de tenter des choses dont ils n’auraient jamais eu l’idée, de s’exprimer avec davantage de fougue et de ne pas s’engager dans des impasses ou, au contraire, dans des chemins trop faciles. Le résultat est effectivement impressionnant, puisque DLGZ parvient à créer une alchimie malgré la densité proprement spectaculaire des dix titres de ce premier LP. Organique, inventif, radical, l’album semble sans cesse gagner en profondeur à mesure qu’il se construit et transporte l’auditeur dans une atmosphère en demi-teintes, poisseux, hostile, malveillant.
Coupée la balise, écrasée la boussole, brisé le compas, DLGZ paraît naviguer à vue, fort d’un instinct ô combien sûr et d’un remarquable sens de l’acrobatie, d’où cette plaisante impression d’assister en direct à l’écriture des morceaux. On essaie sans cesse de deviner la trajectoire prochaine d’une mélodie, d’anticiper le développement des percussions, de se caler sur le tempo toujours changeant. En somme, on se sent investi. Véritablement éloigné des canons habituels du genre, les membres de DLGZ se lancent la fleur au fusil dans des numéros d’équilibriste dont ils ressortent toujours avec éclat, que ce soit lors d’un distingué instrumental cold wave ("High Time for Harvey", fascinant avec son ouverture aux cymbales et sa nonchalante montée en puissance, ou d’un tonitruant math-rock à la Battles ("The Bolt on the Door").

"New Tricks for Old Dogs" est une espèce de rock total ou, en modérant notre enthousiasme, un disque déployant une infinité de moyens, du jeu trépidant des percussions aux beats électroniques, en passant par différents effets de guitares et traitements spatiaux, de manière à étendre le spectre musical au maximum. Atmosphérique, lugubre, tribal, jazz-rock, le disque est bourré d’innombrables éléments renouvelant constamment l’intérêt, comme ce slam élégant et percutant précédant un rythme mi ambient mi hip-hop, lui-même suivi d’une seconde partie post-punk, dans "Hit Me Three Times", ou les claquements de guitare façon Radiohead période "The Bends"/"OK Computer" dans "Hurry" et "My Head Is Heavy". Les compositions davantage balisées, telles "A Brighter Now", séduisent au-delà de leur mélodie basique et des accords un brin téléphonés grâce à un tempo sans faille, un développement malin, une variété de micro-événements et, plus largement, un climat envoûtant. Le magicien John McEntire n’y est certainement pas étranger, de même concernant le traitement du chant, semblant parvenir à l’auditeur à travers un tunnel de béton ou les étages d’un vieil entrepôt industriel. Solide, cohérent, palpitant, "New Trick for Old Dogs" est un pas de géant dans le développement artistique de DLGZ, qui, à coup sûr, n’a pas fini de nous étonner. Ce groupe a, en tout cas, tout ce qu’il faut pour ne pas laisser son empreinte s’effacer de sitôt.

Julian Flacelière

Ghost Bird Song
Never Good Enough
High Times for Harvey
Hurry
A Brighter Now
The Real Yul
Hit Me Three Times (Chocolates & Narcissism)
The Bolt on the Door
My Head Is Heavy
04:00 A.M.

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