KIM – Mary Lee Doo
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On a beaucoup disserté sur la productivité effrénée du bordelais Kim, qui signe cette année son 18è album, alors qu’il est bien loin d’avoir l’âge canonique que ce score pourrait laisser supposer (31 ans). "Mary Lee Doo" succède à "Don Lee Doo", en même temps qu’il constitue le deuxième volet d’une trilogie, amorcée l’an passé. Kim Giani n’aura jamais une case suffisamment grande pour l’accueillir. S’il a déjà expérimenté une foule d’instruments, qu’il serait très fastidieux d’énumérer, c’est au service d’une créativité jamais épuisée, puisque c’est aujourd’hui sur la case "années 80" de son échiquier musical que le musicien s’est arrêté.
Au programme, claviers à gogo, voix haut perchées et touches psychédéliques au service d’une pop exaltante, pleine de brillance et d’audace, permises par un songwriting impeccable, et plus nuancé qu’il n’y paraît au premier abord. Les nappes synthétiques qui ouvrent le disque et le morceau "Mary Lee Doo" installent une ambiance vaporeuse, avec quelques touches de guitare qui parsèment ce titre inclassable, dont on dirait qu’il se referme sur lui-même mais sans tourner en rond. Mais "Solid Rock" vient dynamiter les petits repères qui commençaient à poindre, avec sa base folk et la prédominance du duo guitare/voix, que viennent illuminer des claviers brillants. Ceux-ci ont toujours cette sonorité chaleureuse sous le vernis synthétique : entre les mains du musicien, c’est un instrument autant pop que new wave, gai et triste à la fois. Qu’ils donnent le tempo ou soient là en arrière-plan, jamais ces synthés ne sonnent de trop, mais constituent au contraire l’âme de ces titres. Le groove de "My Family" en tire sa force, la mélancolie de "No One Is There" en vient directement. Le temps de "Can You Hear Me This Way", c’est même un improbable mais réjouissant mélange pop-funk qui nous est offert, telle une offre au dancefloor, qui s’accommoderait certainement de cette ligne de guitare aiguisée couplée à un beat bulldozer. Et tout au long de ces dix titres, le trublion pop prouve qu’il a les idées larges et les moyens de ses ambitions, puisque la pop flashy de "Solenn" est suivie du syncopé "Lady Blue", sans que la classe des titres ne s’en ressente, car ils restent traversés de cette inspiration palpable. Même le minimalisme mélodique de "Weblog Miracle", quasi jazzy (clappements de main, balais de batterie qui effleurent les peaux et des petits choeurs savamment distillés) trouve sa place naturellement, tout comme l’inclassable "Move On", trésor pop qui synthétise un peu tous les courants 80’s en 7 min exaltantes. Le disque est donc construit sur dix tubes, au sens réel du terme, d’un niveau remarquablement homogène. Il y a toujours l’idée qui va bien, qui donne envie de danser, chanter ou qui tout simplement vous prend l’oreille, bref, c’est du catchy jamais racoleur, des tubes enfilés comme autant de perles, qui pourraient rendre jaloux bien des artistes anglo-saxons (ou pas). Un disque exceptionnel, et qui affolerait sûrement la presse internationale si elle y jetait une oreille. En attendant, c’est à vous de le faire !
Mickaël Choisi
A lire également, sur Kim :
la chronique de « Don Lee Do » (2008)
la chronique de « Married On » (2002)
la chronique de « The Hard Rock » (2000)
Mary Lee Doo
Solid Rock
My Family
Never Come Back 2 U
No One Is There
Solenn
Lady Blue
Can You Hear Me This Way ?
Weblog Miracle
Move On