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Disques

Sound of Rum – Balance

Sound of Rum - BalancePar un jeu d’association de sensations plus que d’idées, ce premier disque m’en rappelle immanquablement deux autres : « Facts and Fiction » d’Asian Dub Foundation et l’album séminal de Rage Against the Machine. Musicalement ? Rien à voir. Ou pas grand-chose. Ces références discutables, possibles plaisirs coupables du bon élève pop, ne me font pourtant pas rougir, gorgées qu’elle furent d’adrénaline adolescente avec laquelle j’avais un temps enchaîné leurs écoutes, fiévreux à l’idée de découvrir un tout nouveau terrain inexploré tout à la fois de l’expression et de ma sensibilité musicales. Avec Sound of Rum, les sonorités sont différentes, mais la décharge émotionnelle est du même tonneau. Atténuée peut-être par une quinzaine d’années de vieillissement.

« Balance«  est un disque de hip-hop. Les passerelles avec le groupe de Zach de La Rocha se situent plus dans l’esprit (faire beaucoup de bruit – et beaucoup de bruits différents – avec un minimum d’instruments) que dans les partitions. Derrière ce boucan fait par trois gamins, souffle la même énergie brutale, une rage de jeunesse, un certain esprit de révolte urbaine. On peut entendre en plus, dans le jeu assez brillant du jeune guitariste, quelques réminiscences de Tom Morello, à la limite du clin d’oeil peut-être. Mais elles s’inscrivent dans un panel extrêmement varié, inspiré tout autant d’ancêtres post-rock (Slint, Karate) que du jazz, sans que cela n’alourdisse le propos.

D’Asian Dub Foundation, les jeunots ont ce côté hybride, l’art de fusionner les styles, pour accoucher d’un disque de rap qui plaira aux amateurs de pop. Le contraire étant plus improbable. Rythmes jazz, flow rap, instrumentation rock et esprit punk. Si les jeux du batteur et du guitariste se doivent d’être salués, on ne peut certainement pas parler de ce disque sans évoquer sa pièce maîtresse, la providentiellement nommée Kate Tempest, chanteuse au timbre éraillé et au débit mitrailleuse. La première bonne surprise, le premier point d’accroche évident du disque vient d’elle. En ce sens, la pochette de l’album ne ment pas : pendant que les deux compères font leur boulot, efficace et sans fioritures, cette petite vous fixe du regard, vous attache et vous épingle au mur.

Malgré sa longueur et sa profusion, l’exercice est maîtrisé de bout en bout, avec ce qu’il faut de conformité au genre (un très bon featuring en milieu d’album notamment, qui rappellera peut-être les Écossais de Prolapse et leurs disputes musicales) et d’inventivité subtilement distillée d’un bout à l’autre. Mêlant avec une habileté tout à fait remarquable l’énergie de la jeunesse et les références bien assimilées aux héros du passé, ce (lui aussi) bien nommé « Balance » vaut donc largement son pesant d’excitation. 

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