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JD Beauvallet : itinéraire d’un enfant indé

On connaît l’histoire de l’arroseur arrosé. Après plus de trente années d’entretiens avec des artistes confirmés comme débutants, la parution de “Passeur” vaut à Jean-Daniel Beauvallet de se retrouver de l’autre côté du micro. Il faudrait lui demander ses impressions quand il s’agit de répondre à des interviews en série. Car dans la sphère rock et au-delà, ce livre fait événement. Au moins trois raisons à cela : à son corps défendant, JD Beauvallet est le héros de plusieurs générations de mélomanes ; l’épopée des Inrockuptibles est « culte » et non dénuée d’un certain mystère ; “Passeur” possède de réelles qualités littéraires. 

A la fois récit d’initiation, témoignage de première main de l’émergence des scènes de Manchester et d’ailleurs, portraits ciselés de quelques icônes rock, on engloutit à vitesse grand « V » la prose « energy drink » d’un auteur rompu à l’art de la formule imagée. Tour à tour intime, documenté, pittoresque, émouvant voire bouleversant, “Passeur” possède les qualités des chroniques de Beauvallet : l’enthousiasme est communicatif, il irradie. Le journaliste – titre qu’il préfère à « critique rock » –, ni gonzo ni rationaliste, assume sa part de mauvaise foi héritée des discussions de comptoir (de disquaires). Dans la distinction entre les académiques et les stylistes, JD se range dans la seconde catégorie. S’il use de plusieurs pseudonymes, un style demeure, entre collage d’images et invention de métaphores. 

Le livre qui suit à peu près la chronologie des faits révèle un insatiable découvreur de talents qui, enfant solitaire des environs de Chinon, a forgé une patience obstinée à la pêche à la ligne… voire à la cueillette des champignons. Le psychanalyste pourrait établir quelques correspondances entre la quête infatigable de la chanson parfaite et la pêche miraculeuse. Ou encore, autre obsession de Beauvallet, cogiter sur le fait que « JD » sont aussi les initiales de Joy Division. Quoi qu’il en soit, l’album “Unknown Pleasures” aura l’effet
d’un appel, d’une vocation : c’est dans le nord de l’Angleterre que ça se passe et il s’agit de s’y rendre sur le champ ! 

Les pages consacrées à Manchester complètent assez les biographies de Johnny Marr et de Peter Hook. Car JD Beauvallet fait un léger pas de côté depuis sa position de spectateur étranger. Mais avec lui, l’observation est davantage participante que distanciée : il est en immersion. Et il semble qu’il soit dans sa nature de mettre la main à la pâte, de toucher à tout. Le journaliste crée un festival, fomente des compilations de jeunes talents, établit des ponts et des partenariats, etc.    

Ainsi a-t-on demandé à l’auteur de “Passeur” de contempler une nouvelle fois trente années d’activisme dans les sphères « indés ». Et de faire un peu de tri dans ses souvenirs marquants… JD Beauvallet, qui a aussi ses marottes, nous livre ici quelques tops, sans la moindre hésitation apparente. 


Top des situations inédites

  • Du karting avec Frank Black
  • Du foot avec Massive Attack
  • Du shopping avec Lana Del Rey
  • De l’électricité avec Björk
  • Du ping-pong avec Ian McCulloch
  • Du braconnage avec Florent Marchet
  • Un rodéo avec Lift To Experience, etc.

Top 5 des albums Factory

1/ Joy Division : Unknown Pleasures

La matrice, héritée des Stooges, de tout un rock anxieux et urgent à venir. Le début dès 79 des années 80.

2/ Happy Mondays : Bummed

Physique, ivre, défoncé, illuminé, psychédélique, bordélique et furieux. La fête n’attendait qu’eux.

3/ New Order : Low Life

Le mélange absolu de la danse et de la mélancolie, de le poésie et de la robotique. Coincé dans le calendrier entre Kraftwerk et Daft Punk, le triumvirat de l’électro des fêtards tristes.

4/ Section 25 : From the Hip

Un album glacial et pourtant bouleversant d’humanité, qui préfigurait la techno anglaise.

5/ The Durutti Column : LC

L’une des musiques les plus plaintives et voluptueuses que je connaisse. Je ne vous raconterai pas ce qu’on faisait en l’écoutant dans ma chambre de Liverpool…


Top 5 des concerts au festival des Inrocks 

  • 1/ Stone Roses (1989)
  • 2/ Tricky (1996)
  • 3/ Pulp (2012) 
  • 4/ LCD Soundsystem (2010)
  • 5/ Wu Lyf (2011)


Top 5 des villes européennes 

  • 1/ Manchester
  • 2/ Biarritz
  • 3/ Berlin
  • 4/ Glasgow
  • 5/ Reykjavik
The Smiths live à l’Hacienda, 4 février 1983.

Meilleurs passeurs de l’histoire du foot !

  • 1/ Michel Platini
  • 2/ Zinedine Zidane
  • 3/ David Beckham
  • 4/ Johan Cruyff
  • 5/ Cristiano Ronaldo

Michel Platini : fantastiques buts et passes, période Juventus de Turin (en 6’41’’)

A lire : ”Passeur” de JD Beauvallet (Les éditions Braquage) 

(photo en début d’article : de gauche à droite, Serge Kaganski, Jean-Daniel Beauvallet, Christian Fevret et Renaud Monfourny aux débuts des “Inrockuptibles”)

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