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Disques

Will Orchard – Learning To Stand

L’americana à son meilleur : douce et subtile, mélancolique et joyeusement déceptive. Un songwriter comme on en fait plus : un artiste simple au service de la chanson.

Ami désabusé, viens par ici et écoute. Tu ne crois plus en la révolution, en la révélation, au nouveau disque qui changera ta vie ? C’est bien, tu es peut-être prêt pour la beauté. Will Orchard ne révolutionne rien, n’apporte rien, absolument rien, de plus à l’histoire de la musique mais c’est de la sacrément bonne musique. Si tu es biberonné à l’americana non pas pure et dure mais douce et tranquille, Will Orchard est là pour te faire du bien.  
Venu à Nashville un (demi- ?) siècle trop tard, faisant de l’indie pop-folk un quart de siècle trop tard, Will Orchard travaille sinon pour le futur, du moins pour notre bonheur présent. Un folk lumineux, des arrangements délicats, toujours visant le moelleux, le confort tout en ne rechignant pas sur quelques explosions de couleurs et la profondeur (“Free Diver”), et le tout avec une simplicité et une efficacité confondante. Que demande le peuple ?

Un peu de fingerpicking ? Y en a ! “Learning to Stand”, et même rehaussé de quelques accords de piano. Si vous avez la chance de le voir en concert avec sa compagne Jess Kerber, vous constaterez qu’elle les joue avantageusement aux harmoniques sur une guitare acoustique.

Un peu de mélancolie ? Certes ! “Bulldozer”, ça s’appelle et on voit tout de suite que Will Orchard n’envie rien aux grands. La maîtrise de son instrument, de quelques mots égrenés qui font une chanson de savants arrangements choisis.

Dans la dernière grande vague folk-rock des années 2000, un de nos chouchous (norvégien) était le regretté Saint Thomas (réécoutons “I’m Coming Home”). Ceux qui ont suivi me comprendront : on retrouve cette piste des grands espaces intimes post-Neil Young (mais digéré) avec “Violent Dreams” qui va aussi chercher le large des productions 80ies.

« Wanna let go
all the anger
in my heart
Violent dreams
always find me
tear me apart »

Il est tellement sûr de lui qu’il intitule un de ses morceaux pépères “Simple Magic”. Mais oui, c’est simple comme bonjour, à condition d’avoir ce qu’il faut et Will l’a.

Pour ceux à qui il faudra plus de substance(s), on conseille l’écoute du titre d’ouverture “Don’t Let Me Fall” : logorrhée folk à la Dylan, mais sans emphase, en bon raconteur, progression lumineuse et croissante vers la rencontre amoureuse. C’est un film, mieux c’est une chanson.

Gui Verger est fertile, il n’y a qu’à se baisser pour récolter : il a fait tout le boulot pour nous. Allez voir chez “I Reached My Hand Out” (paru en 2021), il  y a des perles douces amères comme ce “October Hallways” qui vous attend déjà pour cet automne. Et si “Come Into My Fog” ne vous rappelle pas les merveilles de Badly Drawn Boy, mais tendance acide, ou si “Over Blue Highways” en forme de décollage de fusée à plusieurs étages ne finit pas de vous convaincre que Will Orchard est votre nouveau dealer de bonheur amerloque, on ne peut plus rien pour vous.

Dans un monde parfait, il serait signé chez un label, au moins de musique indépendante, et serait la nouvelle coqueluche. Achetez- lui des disques, allez le voir, vous ne serez pas déçus : il y a des merveilles dans les marges des marges. Depuis un certain concert au Larry’s Corner, home pour happy few, je suis mordu.

Avec l’aide de Johanna D, qui suait de concert devant Will et Jess un certain soir de juin. 

Pour creuser dans les disques passés, une fois de plus on vous conseille l’écoute de :

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