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Disques

Lankum – False Lankum

Nous vous le disions récemment, l’été est propice à revenir sur les albums découverts un peu tardivement. Aujourd’hui, revenons donc sur un album fou sorti au début du printemps, “False Lankum”, cinquième effort des Dublinois de Lankum, proclamé meilleur groupe folklorique irlandais. Ce recueil de reprises de chants traditionnels anglo-saxons additionnés de deux compositions originales modernise des classiques pour mieux les tordre et les tremper dans un bain de rock post-industriel. Envoûtant.

Récemment disparue, Sinéad O’Connor faisaient partie des nombreux artistes à reprendre “The Butcher Boy”, titre racontant la pendaison d’une jeune femme abandonnée par son amour, le jeune boucher, et sa lettre précisant à son père les instructions pour son enterrement. “Go Dig My Grave”, l’autre nom de ce classique du… XVIIe (!!) ouvre ce “False Lankum” de manière magistrale. Une voix lointaine, celle de la chanteuse Radie Peat, venue du fond des temps, seule et pourtant qui nous transporte. Puis s’ajoutent petit à petit des instruments, eux aussi venus d’un autre temps, des sons métalliques, des bruits lancinants, des chœurs presque angoissants. Et la chanson triste devient la bande originale d’un film d’horreur, la musique pour illustrer la descente dans les neuf cercles de l’Enfer de Dante. Plus de huit minutes de pure folie qui donnent le ton autant que le vertige.

Car oui, Lankum a l’art de faire traverser les siècles à des chants traditionnels. Cette même menace sourde vient hanter “Clear Away In the Morning” tout en lui offrant une lueur d’espoir. “Newcastle” subit le même traitement, convie les fantômes du passé alors que “Netta Perseus” les invite carrément à se lancer dans une danse tribale. “False Lankum” ressemble à un recueil de chansons de marins. “Master Crowley’s”, avec son accordéon concertina, nous entraîne dans la cale joyeuse d’un bateau ivre. Pas pour longtemps. Le bateau coule et les notes se perdent dans les abysses de la mer d’Irlande avant de remonter à la surface, se mêlant aux sons d’outre-tombe que ne renieraient pas Godspeed You! Black Emperor. Ce voyage dans les profondeurs des mers reviendra. Dans “The New York Trader” déjà, avec son virage métal, ses chœurs déments et ses violons endiablés disparaissant sous les orgues salvatrices. Puis sur “The Turn”, une chanson qui vous attrape par la cheville et vous entraîne tout au fond des océans. Laissez-vous couler vers le grand silence et profitez-en, le retour à la surface s’annonce infernal. Les voix s’effacent derrière le chaos industriel du monde moderne et sa folie. Pour citer un critique ciné, “False Lankum” est un album vertigineux « qui fait un mal monstre et un bien fou ».

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