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Mimi, notre Colonel Parker – Hommage à Mimi Parker (1967-2022) de Low 

Il y a les grands, les intouchables statues du Commandeur : Scott Walker, Mark Hollis, David Berman, Franco Battiato

Et il y a la famille. 

Comme Jason Molina, Mimi Parker faisait partie de la maison, la commune, celle qu’on partage avec les copains.

Avec Low, comme avec Songs:Ohia/Magnolia Electric Co ou encore avec Yo La Tengo (n’attirons pas le mauvais œil…), c’est comme si les instruments du culte eux-mêmes abolissaient la frontière entre officiants et spectateurs dévots.

Pas de piédestal mais pas de fausse complicité non plus. Low, c’est le partage. On le sait depuis ce fabuleux « Christmas », album de 1999 paru chez Kranky. « Despite the commerce involved, we hope you will considered this our gift to you…. ». Et des cadeaux de Low, il y en eut beaucoup.

Low, c’était un duo. Un couple. Alan Sparhawk et Mimi Parker. La voix éraillée de l’un se mariant avec les envolées cristallines et gospel de l’autre, la guitare jouant avec la batterie (souvent) jouée debout. Détail pour nous qui veut dire beaucoup.

Low, ce pilier fascinant de nos amours musicales, s’est révélé être beaucoup plus que ce groupe de proximité (et pourtant, ô combien !) cristallisé autour de quelques émouvants albums de slow core. 

Low, au contraire de certains rentiers de la pop, s’est toujours remis en question et a su évoluer, que ce soit avec le power rock de « The Great Destroyer » ou une lente mais sûre déconstruction de tous les principes rock depuis « Drums & Guns ».

De tous les concerts de Low, on gardera l’image de Mimi Parker à Saint Malo, terrifiée mais gardant la boutique derrière Alan Sparhawk détruisant méticuleusement toute mélodie pop à l’aide d’une armée de pédales, face à un bassiste réduit petit à petit à son statut de rookie tétanisé devant la furie d’un Sparhawk abîmant en direct le projet d’une vie, Low, notre lot.

On se souvient que tout tenait à un fil, peut-être à un regard de Mimi, et que Low était sur le point d’exploser en plein vol.

Mimi, c’était le grand chêne, la montagne de cheveux derrière les fûts, toujours féminine, solide rythmique et voix angélique, l’indissociable moitié de son turbulent compère.

Sans Moe, pas de Velvet, sans Giorgia, pas de Yo La Tengo.

C’est pourquoi on est inconsolable mais malgré tout heureux d’avoir pu accompagner Low jusqu’au bout de ces inouïs changements. Des triturations électroniques de « Double Negative » au rejouissant jeu de massacre des fondamentaux, « HEY WHAT », limant la matière de Low jusqu’à l’os, libérant l’âme du duo dans un geste qui est un trashumanar pop, pour reprendre le néologisme dantesque. Au regard de Béatrice, véhicule de Dante jusqu’au Paradis, se substituent les voix de Sparhawk et de Parker. La voix comme voie. Ultime.

Mimi avait la foi. Elle nous l’a souvent donnée à entendre. La dernière fois, c’était il y a trois ans, un 14 février, au Kägelbana de Stockholm, devant un rideau de néons comme pour faire disparaître les corps derrière leur lumière et leur musique. La dernière image de Mimi, éternelle reine des balais et des maillets cotonneux, sera un contre-jour…

« I’m nothing but heart… »

Bon voyage vers le point, centre de tout, courage à Alan et à sa famille.

Avec l’aide de Johanna D., Parker perso

Pour faire le deuil, replongeons-nous dans quelques chroniques, témoins de l’attachement de POPnews à Low : « Secret Name » (1999), « Things we lost in fire » (2001), « A Lifetime of Temporary Relief » (2004), « The Great Destroyer » (2005), « Drums & guns » (2007), « C’mon » (2011), « Double Negative » (2018), « HEY WHAT » (2021). Voire dans des raretés comme ce live enregistré à Paris en 1999, en import, « Anthony are you around ? » (2002).

Des comptes rendus de concerts aussi, à la Maroquinerie (2005), à La Route du Rock Hiver (2007), pour la Black Session de 2007, ou à la Gaîté Lyrique (2018).

Enfin une interview pour la sortie de « Drums and Guns » (2007) et une autre pour la sortie de « Ones & Sixes » (2015)

2 comments
  1. Princécranoir

    J’apprends tardivement la disparition de Mimi Parker, au hasard d’une écoute en podcast d’un very (sad) good trip d’Olivier Assayas. Je cherche alors des articles, des mentions relatifs à cet événement et je tombe sur votre émouvant hommage qui éclaire la trajectoire sonore d’un groupe atypique, à l’existence mouvementée (la personnalité d’Alain Sparhawk n’y est pas étrangère). En tout cas merci pour cet hommage, et bravo pour cet article tout en délicatesse et chaleur humaine.

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